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Le 4 janvier 1944, 21 Amiénois sont arrêtés par la Gestapo avec l’aide de la préfecture pour être déportés à Auschwitz.

Il y a 80 ans, la rafle d’Amiens 1 © Photos : jewsofthesomme.com
Les fiches tenues par la police française sur les juifs d’Amiens et de la Somme.

20.12.2023

JDA 1067

Les “toc-toc” tambourinés à la porte du 79 de la route d’Albert (l’actuelle rue Léon-Dupontreué) déchirent tout de suite la pause midi en ce premier mardi de janvier. Cécile Redlich rentre de l’école pour déjeuner. Le couple Waeterloot, ami des Redlich qui héberge la jeune fille depuis dix-huit mois, depuis que ses parents ont été arrêtés et envoyés vers une destination inconnue, se doute que cette visite n’a rien de courtoisie. Cécile tente de s’exfiltrer par l’arrière des jardins de ce quartier Saint-Pierre. En vain. Rue Albéric-de-Calonne, scène identique : des hommes qui rentrent dans une maison. Ginette Schulhof parvient à fuir par les toits avec son frère et sa sœur. Pas les parents. En ce 4 janvier 1944, c’est une opération de grande ampleur que mènent la Gestapo et la préfecture de la Somme. 21 Amiénois juifs sont arrêtés, amenés à la gendarmerie rue des Jacobins, transférés à 20h20 vers Drancy, dans le département de la Seine (actuelle Seine-Saint-Denis). Quinze jours plus tard, ils sont jetés dans le convoi 66. 1153 juifs, 60 par wagon, arrivent à Auschwitz (Pologne) le 23 janvier. 862 sont immédiatement conduits en chambre à gaz. Dont Cécile Redlich, 14 ans.

Il y a 80 ans, la rafle d’Amiens 2 © D.R.
Cécile Redlich, arrêtée à 14 ans. Une rue porte son nom à Amiens depuis 2022.

Déjà une rafle en 1942

Ses parents avaient donc déjà subi le même sort. Zelman et Gitla Redlich, polonais mariés à Amiens en 1928, avaient été arrêtés le 18 juillet 1942, rue Cottrelle-Maisant (quartier La Vallée) par la police française, au lendemain de la rafle du Vél d’Hiv (13152 arrestations de juifs parisiens). À Auschwitz, le père de Cécile, malade, meurt dès septembre. La mère, d’abord hospitalisée, est déportée en novembre et gazée dès son arrivée. Cécile n’en aura jamais rien su.

Renée, seule rescapée

Renée Louria, elle, sait. Elle a vu Auschwitz. Elle en est revenue, seule rescapée de la rafle amiénoise de 1944. Arrêtée à 22 ans avec son père, elle arrive enceinte au camp de concentration. Elle écrira un livre en 1979 (cinq ans avant son décès), Les Russes sont à Lemberg, dans lequel elle raconte la survie et l’horreur comme, après son accouchement, l’attente des médecins du camp qui viendront étouffer l’enfant au formol… Elle rentre à Amiens en mai 1945. Sa mère est morte quelques semaines auparavant. Une vie et tant d’autres brisées par le racisme, le totalitarisme, la folie fasciste. Et par ce funeste 4 janvier 1944.

           Antoine Caux     

Une exposition et une conférence à Louis-Aragon

Du 4 janvier au 10 février, la bibliothèque Louis-Aragon accueille l’exposition Être juif dans la Somme 1940-1945, de l’archiviste américain David Rosenberg (JDA #1005), honoré de la médaille de la Ville d’Amiens pour son travail de mémoire. On y retrouve les fiches individuelles entretenues par la police française sur les juifs d’Amiens et du département. David Rosenberg sera en visioconférence le 9 janvier, à 18h, lors du vernissage. Le 11 janvier, à 18h, conférence de Béatrice Finet, professeure à l’UPJV, intitulée La littérature pour transmettre la Shoah (sur réservation au 03 22 97 10 10).

Il y a 80 ans, la rafle d’Amiens 3 © D.R.