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Bruts mais pas soumis. Les quatre Amiénois de structures, érigés par Les Inrocks comme des espoirs du rock français, viennent de quitter leur label dont le patron est soupçonné de violences sexuelles.

Ils se lèvent et ils se barrent © Rod Maurice
« La musique, c’est la vie. Or la vie est mise en pause »
© Rod Maurice

13.01.2021

JDA 968

Grosse caisse, caisse claire. Une ligne de basse, massive. Et puis cette voix, autoritaire. Bienvenue dans le rock survitaminé de Structures dont on conseille l’injection après celle du vaccin dès que les concerts seront réautorisés. C’est là, sur scène, que ces quatre Amiénois se sont forgé une réputation qui dépasse la promesse. « C’est là où notre projet a du sens. Sur scène, on lâche les chiens » – même en interview, Structures a le sens de l’efficacité. Ils avaient marqué les esprits au Printemps de Bourges en 2019. Les Inrocks parlent depuis « de grands espoirs du rock français ». Ces quatre-là , en finale du Prix SA Ricard Live Music (live à découvrir sur YouTube), ne sont pas non plus des perdreaux de l’année : Pierre Seguin (chant), Marvin Borges-Soares (basse), Oscar Siffritt (batterie) et Adrien Berthe (guitare et clavier) affichent entre 25 et 27 ans – si ça, ce n’est pas l’âge des rock stars. Ils concèdent : « On est encore de grands gamins ».

 

L’IMPORTANT, C’EST L’HUMAIN
Des gamins, peut-être. Mais déjà des bonshommes. En décembre, le patron du label qui devait sortir leur premier album en ce mois de janvier est mêlé à une histoire de violences sexuelles. Structures ne tergiverse pas. Se sépare du label. « Ça a été instantané, s’expliquent-ils simplement. C’est à l’encontre de toutes nos valeurs, il était inconcevable de continuer. » « Après, bien sûr, il y avait des enjeux financiers. Mais l’important, c’est l’humain », poursuit Marvin qui vendait encore des Vans l’année dernière. Depuis, le groupe est en contact pour signer avec d’autres labels, on ne se fait pas trop de soucis pour eux. Mais ils auraient pu regarder ailleurs, eux qui ont le statut d’intermittents depuis février 2020 et qui se prennent de plein fouet la fermeture des lieux culturels.

 

HÉRITIERS DES MOLLY’S, D’OREGONE...
Structures, ou l’histoire classique de copains de lycée, à Michelis et Luzarches. Ça zone un peu à la gare avec les potes skateurs. Ça infuse du Joy Division, du Depeche Mode grâce aux albums des parents. Cette jeunesse du tournant 2000-2010 biberonne aussi aux Strokes, Interpol et localement aux Molly’s, Oregone et Beyonders pour leurs premiers concerts. Pierre et Adrien sévissent d’abord dans Sobo. Le groupe aura son petit succès. Structures les fait décoller : premier EP en 2018 avec le très remarqué titre Long Life. Les dates s’enchaînent, les éloges aussi… Et puis vint le 14 mars 2020 : « On jouait à Pau quand on a appris le confinement. Il y avait une impression d’apocalypse… Avec les copains de Frustration, on a fait une grosse fête sur scène... »

 

DISPONIBLES SUR LES PLATEFORMES
L’album prévu pour mars 2020 est décalé. Il le sera encore neuf mois plus tard pour les raisons que l’on sait mais les titres Sorry, I Know it’s Late… et Robbery sont toutefois disponibles sur les lateformes. Et même s’il y a eu Rock en Seine en août, Rock in the Barn en septembre, le dernier concert remonte à octobre au Havre. Une éternité. « On a l’impression d’être dans un monde parallèle, déteste Marvin. Le pire, c’est que l’on semble s’y habituer. La musique, c’est la vie. Or la vie est mise en pause. » Pendant le confinement, lui et ses compères ont quand même trouvé l’inspiration pour une reprise de Gwen Stefani sur une compilation rouennaise qui a permis de collecter 7 000 € pour le Secours populaire. Ces rockeurs sont vraiment des gens bien.

//Antoine Caux