Le bilan cartonne
C’est en adaptant le bilan de compétences à la génération Y – la sienne – qu’Yves Trocheris s’est lui-même reconverti. Installée à Amiens, son entreprise de coaching professionnel est la première 100 % à distance.
06.01.2021
JDA 967
Yves Trocheris n’a pas attendu d’atteindre la cinquantaine pour réaliser son bilan de compétences. C’est à 30 ans à peine qu’il s’y est collé, après sept ans dans l’e-commerce. « Je faisais du conseil en achat et en logistique pour de grandes marques. J’avais un bon travail, bien payé à Paris. Mais je n’étais pas heureux. » Sa mère, dans le domaine de l’accompagnement professionnel depuis plus de vingt ans, lui recommande alors une coach expérimentée. « C’est là que j’ai compris ce qui me manquait. J’ai besoin d’entreprendre, c’est certain, mais encore davantage d’un métier à vocation sociale. Tout en gardant l’aspect geek avec le côté digital et technique qui me passionne. »
ENTOURÉ DES SIENS
De cette réflexion naît en 2018 Même Pas Cap !, une plateforme 100 % digitale qui offre des solutions de formations et d’accompagnement sur mesure pour clarifier son projet professionnel et définir son plan d’action. Derrière Même pas Cap ! – jolie idée que de reprendre cette expression enfantine pour interpeller les adultes –, on retrouve aussi sa mère Aliette en tant que directrice du programme, et sa sœur Sixtine, rédactrice en chef du site et du blog. Originaire de Gouvieux, dans l’Oise, Yves Trocheris s’est installé à Amiens pour suivre son épouse médecin. C’est ici qu’ils ont fondé leur famille, ici qu’il installe sa startup. Dans les locaux d’Amiens le L@b au début de l’aventure. Puis rue des Jacobins – le déménagement a lieu ce mois-ci – où seront plus à l’aise la dizaine de salariés déjà venus grossir les rangs. À cela il faut ajouter 25 coachs indépendants, principalement situés dans les Hauts-de-France et disponibles de 7h à 22h en semaine et de 9h à 18h le week-end.
CIBLER LES MILLENNIALS
De quoi répondre à la demande de plus de 800 clients (en 2020) qui affluent, eux, de partout en France et même de l’étranger pour certains expatriés. « Le seul critère d’entrée est de cumuler trois ans d’expérience professionnelle minimum. Le digital offre des outils géniaux qui permettent d’intégrer plus vite la plus-value du bilan de compétences. C’est une vraie opportunité pour l’épanouissement des millenials (personnes nées dans les années 1980 et le début des années 1990, qui ont grandi avec les nouvelles technologies, ndlr), qu’on appelle aussi la génération Y. » Une génération à laquelle appartient Yves Trocheris, qui sait que ses bilans de compétences 2.0 parleront aussi aux plus jeunes.
BOOSTÉ PAR LE CONFINEMENT
« Mais attention, prévient le chef d’entreprise : un bilan de compétences n’est pas un diplôme. Et ne délivre pas non plus de recettes toutes prêtes. Mon équipe est là pour challenger, rassurer, questionner le candidat sur son mode de penser, et cela pendant plusieurs mois. » Avec ses coachs qui interviennent par webconférences, la société a surfé sur le confinement et les envies de reconversions décuplées. Yves Trocheris a connu des situations étonnantes, comme cette banquière désireuse de devenir infirmière... ou inversement. « Je suis ravi de voir ma boîte se développer, bientôt d’ailleurs vers le BtoB (business to business, ndlr). Je sais chaque jour pourquoi je me bats. J’ai trouvé ma voie. » En faisant trouver aux autres la leur.
//Kaltoume Dourouri