Votre navigateur est obsolète!

Mettez à jour votre navigateur pour afficher correctement ce site Web. Mettre à jour maintenant

×

Frédéric Alvarez a signé les bandes originales de deux films tout juste sortis en salles, Louloute et La troisième guerre. Du son made in Saint-Maurice.

Mélodies en son grenier © Laurent Rousselin - Amiens Métropole

22.09.2021

JDA 990

C’est comme si la pièce l’attendait. À deux pas du cimetière de La Madeleine, entre chaque poutre, un capitonnage atténue la résonance des combles. « Les panneaux de bois aident aussi, renchérit l’occupant des lieux. C’est parfait, mais c’était déjà fait ! » Malgré la hauteur de plafond, Frédéric Alvarez, 33 ans, a posé ici ses guitares, claviers, micros, enceintes et écrans. Il y travaille le jour ou la nuit en fonction des besoins familiaux. Ici sont nées les mélodies de Louloute, le film d’Hubert Viel sorti cet été. Son huitième long-métrage de fiction depuis 2014 et la BO du film de sa compagne, Macha Ovtchinnikova, Les Variations. Le prochain, La Troisième Guerre, de Giovanni Aloi, sort ce 22 septembre dans les salles, et le 29 à Amiens, au cinéma Orson-Welles.

 

LE DÉCLIC KUBRICK
En découvrant Stanley Kubrick, Frédéric Alvarez qui, jeune ado, était « foot, foot, foot et basket », s’est alors vu réalisateur et a entamé des études en ce sens. Sans lâcher la musique. Laquelle « a failli [lui] coûter [son] bac ! » sourit celui qui a tâté des scènes parisiennes dans sa jeunesse : « Mais c’était la composition qui m’intéressait. Plus que l’adrénaline ». D’où le passage par plusieurs écoles, dont l’American School of Modern Music, et six ans d’études. Le trentenaire peut désormais vivre de sa passion. L’affiche d’Il était une fois en Amérique trône d’ailleurs dans la pièce. Un souvenir d’Ennio Morricone, le catalyseur de mondes.

 

AMIÉNOIS DE CŒUR
Arrivé à Amiens il y a quatre ans avec sa compagne et un premier enfant pour « fuir la vie parisienne et les apparts minuscules », le natif d’Annecy aux origines espagnoles et italiennes y est resté : « On adore la ville ». Deux de ses hobbys, les sports de combat et un jardin ouvrier en permaculture n’ont pas résisté au confinement et, il y a quelques mois, au deuxième enfant. Mais un sac de frappe lui sert encore à se défouler. Et les balades à La Madeleine « à se ressourcer ». Car pour Frédéric Alvarez, composer pour le cinéma ne signifie pas simplement répondre à une commande : « La musique doit pouvoir s’écouter seule. Si c’est indigent sans le film, ça n’a aucun intérêt ».

 

OREILLES OUVERTES
Son spectre musical voit large. De Pink Floyd à Eminem en passant par Radiohead, Jimi Hendrix, Nirvana, Miles Davis, Bach ou Arvo Pärt. Et la musique de films bien sûr, « un genre à part entière ». Sa priorité : la mélodie. « Je ne suis pas un fétichiste du matos, explique-t-il, lui qui confie le mixage à un ami. Ce qui compte le plus, ce sont l’harmonie et la mélodie. » Et si une partie des enregistrements s’opère en studio, une autre vient du bout de ses doigts : « Dès qu’il y a du piano, de la guitare ou des voix, c’est moi ».

 

S’ADAPTER SANS SE RENIER
« Certains comédiens ne jouent qu’eux-mêmes, estime Frédéric Alvarez. D’autres se transforment, sans perdre leur identité. C’est pareil pour les compositeurs. » Il a choisi le second camp et s’adapte : composer pour un film déjà monté avec des musiques provisoires, ou, inversement, travailler dès l’étape du scénario – sa méthode préférée. Sa prochaine BO : Abroad, film américain, qu’il rend cet automne. Mais aussi deux courts-métrages, un documentaire pour France 5 et un film russe. Car l’amour, se nouant à la musique, a fait de lui un russophile quasi russophone. Une nouvelle corde vocale à son arc musical ?

//Jean-Christophe Fouquet