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Les deux pieds dans ses rêves d’enfant, Thomas Priou enchaîne, de Lapins crétins en Trappeurs de rien. Dessinateur tout en rondeurs, il a choisi la BD. Et Amiens.

Pas le temps de buller © Noémie Laval
« Un resto, un disquaire, un libraire et je suis content ! »
© Noémie Laval

11.12.2019

JDA 932

Quand son CV comporte des titres de presse tels que Pif, Spirou, J’aime lire ou Wapiti et qu’on mène de front plusieurs BD, les journées sont bien remplies. Alors quand, comme Thomas Priou, on est aussi papa de deux garçons de 24 et 9 mois, cela se complique encore. Ce sont donc des yeux fatigués, mais souriants, que l’on retrouve à la Maison de l’image d’Amiens Métropole, rue Dejean. Ici sont installées les Éditions de la Gouttière, qui le publient, ainsi qu’On a marché sur la bulle, qui gère les Rendez-vous de la BD. Et tous ceux qui vont avec. Voilà ce qui a attiré Thomas Priou à Amiens : « Nous avons aussi adoré la ville, ma compagne et moi, quand nous l’avons découverte ».

 

CHAT DE GOUTTIÈRE
Résultat : cet originaire de Montargis passé par les Beaux-Arts à Orléans, et ayant rencontré Dawid, autre membre de la famille Gouttière, à Tours, s’est décidé à vivre ici en 2017. Depuis, cette Maison de l’image, c’est un peu son QG. À lui comme à d’autres auteurs. « Mais en ce moment je ne viens plus trop… pas le temps ! », souffle-t-il entre deux “salut !”. Une visite rapide avant de retourner travailler à domicile. À Pont-de-Metz, où il vient de déménager. Dans la vie, ce fan de metal se veut discret, comme ses piercings. « J’aime les choses simples. Un resto, un disquaire, un libraire et je suis content ! »

 

L’AMOUR DU JEU
Ses références ? Au hasard, Zep (Titeuf), Matt Groening (Les Simpsons), Larcenet (Le Combat ordinaire) ou Don Rosa (La Jeunesse de Picsou). Cet enfant de la BD se consacre quasiment uniquement à la jeunesse. Même en jeux vidéo, il se dit plus « Nintendo et Mario que Call of Duty ». Ce qui se retrouve dans ses dessins tout en ligne claire, en rondeurs et en expressivité. Un trait qui interpelle les éditeurs. Et cela depuis ses débuts au Journal de Mickey, où il a commencé à “piger” sur des pages de jeux. Ce qu’il a appris à peaufiner et continue de faire : « J’adore ça ! ». Contrairement à l’écriture ou la mise en couleurs. Chacun son truc.

 

CONSCIENCE DU TRAVAILLEUR
Aujourd’hui plutôt “établi”, Thomas Priou remercie sa famille de cuistots et d’aides-soignants pour ses études : « Ils m’ont soutenu, mais avec la flippe ! ». Par principe, le jeune homme élevé avec son frère aux classiques franco-belges (Les Schtroumpfs, Astérix) puis aux mangas, ne voudra « pas abuser ». Et exercera très vite des « boulots alimentaires ». Notamment pendant les « années de vaches maigres » qui suivirent ses deux premières BD, Chat s’en va et Chat revient (2009). Il sera « remis en selle » par Les Cadeaux d’Axel, chez Paquet, en 2013. Depuis, il a signé une dizaine de titres.

 

« UN GARÇON ADORABLE »
Ses grosses séries, ce sont Lapins crétins (le dernier tome, son troisième, est sorti fin octobre), d’après les jeux Ubisoft. Du très gros tirage, mais où l’on peut « jouer avec les codes ». Là encore, on l’a sollicité. Et Trappeurs de rien, bien sûr, dont la Ville d’Amiens a d’ailleurs offert le premier volume aux écoliers pour Noël en 2016 (le cinquième paraîtra le 21 février). Lesquels auraient pu sortir chez Dargaud. « Ils m’avaient contacté pour Boule & Bill. J’ai foiré l’essai… Mais j’ai proposé les Trappeurs. Pas de réponse. Et là Dawid me parle de la Gouttière. Je rencontre Pascal (Mériaux, ndlr), qui me dit “j’adore” ! » C’était parti, professionnellement et amicalement : « Thomas ? Un garçon adorable, inquiet, pluriel, estime le directeur éditorial. Un bel homme à l’extérieur comme à l’intérieur ». Doux comme ses dessins.

//Jean-Christophe Fouquet