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De l’or pour les chiens, premier long-métrage de fiction monté par ses soins, sort en salles. Mais l’amiénois Joris Laquittant ne délaisse pas son âme d’enfant et de cinéphile partageur.

Ses 400 coups de ciseaux © Noémie Laval
« Faire du cinéma, c’est garder la curiosité de l’enfance »
© Noémie Laval

23.06.2021

JDA 985

Ses yeux et sa voix sont empreints de douceur. Le calme apparent du trentenaire Joris Laquittant contraste avec un cinéma qu’il affectionne, infantile et ravageur comme les Gremlins de Joe Dante, strident et stressant comme Jurassic Park de Steven Spielberg. Son univers intérieur baigne dans la culture pop 80-90’s. Et les monstres peuplaient déjà son premier court-métrage d’école, comme ses films d’ado avec ses potes. « Faire du cinéma, c’est garder la curiosité de l’enfance », sourit-il.

 

AU SERVICE DES RÉALISATEURS
Attention pourtant : pas question pour le rédacteur en chef (depuis 2016) du webzine Fais pas genre !, spécialisé dans le cinéma de genre – films fantastiques, de SF, d’horreur, etc. – de s’enfermer dans les fantasmagories codifiées. Lui qui, en tant que monteur, agit comme un couturier (monter un film c’est en assembler les morceaux, avant avec colle et ciseaux, aujourd’hui avec un ordi),  aime le septième art sous toutes les coutures : «Mon métier, c’est d’être au service des réalisateurs, de traduire leur désir de cinéma, et ma cinéphilie va bien au-delà du genre ». La preuve : le premier long-métrage de fiction sorti de sa table de montage, De l’or pour les chiens, est un portrait d’adolescente : «Ni un film de genre, ni un film étrange ». Et pour Joris, c’est un cap : finies, désormais, les piges d’assistant monteur.

 

PENSER, ÉCRIRE ET DESSINER CINÉ
Après un « rendez-vous manqué » l’année dernière à cause de la crise, voilà enfin ce film dans  les salles, et en avant-première au Ciné St-Leu. Avec Anna Cazenave Cambet, la réalisatrice, ils se sont « trouvés en troisième année à la Fémis », la prestigieuse école qu’il a intégrée à 23 ans après une option cinéma à Beauvais (« Par hasard, je cherchais en arts plastiques mais on a perdu mon dossier, ça a été une révélation ») puis un BTS à Luzarches et une licence à l’UPJV : « Je ne jouais pas ma vie, j’avais déjà les mains dans le cambouis et quasiment plus peur d’être pris à la Fémis que d’échouer ». Il sera pris. D’où des allers-retours Amiens-Paris quotidiens – un train-train pratique pour “penser ciné” et “écrire ciné”, alimenter Fais pas genre !, préparer ses présentations en salles ou concevoir des affiches, autre de ses hobbys. Aujourd’hui encore l’essentiel de son travail s’opère dans la Ville Lumière et ses plus de 400 écrans.

 

MONTEUR HAUTE-FIDÉLITÉ
Malgré une vingtaine de films au compteur, courts-métrages, documentaires ou série TV (la dernière saison de Platane), pas question pour l’intermittent de quitter Amiens. « Beaucoup de gens d’ici m’ont formé, m’ont aidé, comme Laurent Lapo ou Pierre Boutillier de l’association Carmen. » Joris signe d’ailleurs le montage du prochain documentaire de Pierre Boutillier, L’Échappée, après avoir déjà monté sa Promesse en 2018 (JDA #908).Une complicité qui remonte à ses premiers pas à Carmen en tant que service civique : « Ce sont eux qui m’ont encouragé à tenter la Fémis ». C’est aussi dans le coin que Joris tournera cet été son premier court-métrage avec une casquette de réalisateur (hors ceux pour la Fémis), La Bête. Il y sera question de légende. Et, comme il se doit, d’enfance.

//Jean-Christophe Fouquet