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L’artiste camerounais Kenof peint Amiens aux côtés de l’Afrique sur d’anciens tapis. Les matériaux de récupération deviennent ses toiles. À découvrir au Nymphéa et au Frac jusqu’au 17 décembre.

Un pont entre les cultures © Laurent Rousselin - Amiens Métropole

01.12.2021

JDA 997

Un rituel des Bamilékés au pied de la cathédrale. Dans les peintures acryliques de Franck Kemkeng Noah, alias KeNoF, son nom d’artiste, les cultures occidentales et africaines se rassemblent. « En France, ces masques sont dans les musées mais en Afrique, nous les utilisons toujours. Ces scènes existent vraiment. J’interroge ma famille, je leur demande de les filmer, je me documente sur Internet et je les fais revivre dans mes œuvres. » Arrivé en France il y a quatre ans pour poursuivre ses études d’arts plastiques et enrichir son travail, il peint pour ne pas oublier son pays natal, le Cameroun, inspiré aussi par la beauté des monuments amiénois.

SÉRÉNITÉ COMBLÉE
« C’est la fusion entre ma culture traditionnelle et mon ouverture vers celle des autres. Dans ce tableau de la cathédrale, j’y ai vu le sacré. C’est impressionnant de constater combien ce monument inspire la sérénité. Au Cameroun, ce sont les forêts sacrées qui procurent ce sentiment. » Attiré par la France, « le pays de la mode et de la culture », il est devenu étudiant à Amiens. Et après avoir découvert Paris, Bordeaux, Marseille, Bruxelles et Liège, c’est bien ici qu’il souhaite s’installer : « J’aime le calme d’Amiens, sa propreté, sa discipline ». Et c’est ici – jusqu’au 17 décembre – que l’on découvre ses œuvres : il fait partie, dans le cadre d’IC.ON.IC, le festival des arts visuels d’Amiens Métropole, des artistes retenus dans le parcours d’art contemporain, à l’espace culturel Nymphéa à Camon et au Fonds régional d’art contemporain.

 

SYSTÈME D
Éloigné de ses proches, l’artiste se souvient des galères et raconte qu’ici les démarches sont facilitées. « Étudiant, j’ai trouvé assez rapidement un logement et des associations m’ont soutenu. Sans job, j’ai dû me rendre aux Restos du cœur et mes camarades de l’université m’expliquaient les cours que j’avais à rattraper. » Dans sa première chambre de 9 m2 , KeNoF n’a pas arrêté de peindre. Son petit budget est même à l’origine de sa spécialité. Un soir, il ramasse de vieux tapis sur le trottoir pour remplacer les toiles, trop coûteuses. Il peint à l’arrière des tapis et apprécie alors cet objet « chargé de l’énergie des anciens propriétaires ».

 

VOLONTÉ DE RECYCLER
Grâce à son travail, les tapis peuvent aussi devenir des costumes. Mais le recyclage demeure un choix. Au Cameroun, les bouteilles en plastique polluent les rues : « Je les récupérais pour créer des sculptures ». Sous ses mains, le déchet se transforme en œuvre d’art qui orne les halls d’immeuble et les salles d’attente. Le 1er décembre, KeNoF a mené un atelier à Emmaüs à Camon pour montrer à l’équipe comment donner une seconde vie aux objets que l’association ne peut pas vendre. Un mouvement artistique qui ouvre une nouvelle voie au recyclage.

//Lysiane Voisin