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Une deuxième chaufferie biomasse, 25 kilomètres de réseau en plus et une montée en puissance de l’énergie verte sont attendus pour 2025. Et un autre maillage, de froid cette fois, se profile dès l’année prochaine.

Un réseau de chaleur plus grand et plus vert 1 © Laurent Rousselin / Amiens Métropole
La chaufferie biomasse, chemin de Vauvoix, tourne depuis 2019. Elle compte désormais deux chaudières bois et une – d’appoint – au gaz.
© Laurent Rousselin / Amiens Métropole

23.03.2023

JDA 1041

En 2017, la Semop (Société d’économie mixte à opération unique) Amiens Energies devenait délégataire du service public de chaleur de la Ville d’Amiens. « Une première en France, rappelle son maire Brigitte Fouré. La Ville et sa Métropole, motrices sur ce sujet, visent l’autonomie énergétique en 2050. Le réseau de chaleur en est un élément essentiel. » En 2020, ce réseau avait déjà largement tissé sa toile, notamment grâce à la mise en service fin 2019 de sa chaufferie biomasse du chemin de Vauvoix, au nord, l’un des principaux points d’injection d’eau chaude dans le circuit. Au départ entièrement nourri à l’énergie fossile, le réseau fonctionne désormais à 64 % par énergie renouvelable ou de récupération.

75 km en 2025

Ce n’est pas fini. « Le réseau fait actuellement 50 km, informe Vincent Pibouleu, le directeur général d’Amiens Energies. Il devrait atteindre les 75 km dans deux ans et chauffer 26 000 équivalents logements contre 19 000 aujourd’hui. » Dont 10 500 “vrais” logements (8 000 actuellement). Cette montée en puissance implique « 48 M€ d’investissements, en supplément des 92 M€ initiaux », complète Benoît Mercuzot, conseiller municipal délégué aux finances et président d’Amiens Energies. « Le réseau est entré dans les mœurs, remarque Brigitte Fouré. Après Saint-Victor ou le pôle des cliniques, le CHU fera partie de ses futurs clients. »

 

« Cocktail extraordinaire »

Le mix énergétique du réseau de chaleur est un « cocktail extraordinaire, moins dépendant des prix de l’énergie et qui réduit le recours au gaz venu de l’autre bout de la planète », résume Frank Lacroix, directeur général adjoint d’Engie, l’actionnaire majoritaire d’Amiens Energies. Il cible les grosses infrastructures, les nouveaux quartiers, le parc social – Amsom Habitat en est d’ailleurs le principal client – et ne concerne donc pas les particuliers. Le réseau se déploie à Gare-la-Vallée, à commencer par la cité administrative dont la construction s’achève. Et une nouvelle chaufferie biomasse s’installera au sud, près du CHU. Sa chaudière de 14 MW s’ajoutera aux deux déjà en fonctionnement de la chaufferie nord (8 MW plus 4 MW). Mais le réseau, qui tourne l’été à 100 % d’énergie renouvelable, essentiellement pour l’eau chaude sanitaire, va aussi se mettre au froid en 2024 par géothermie à Gare-la-Vallée et Intercampus. Une logique « vertueuse écologiquement et économiquement », approuve Benoît Mercuzot. Ce réseau de froid sera aux ventilateurs ce que le réseau de chaleur est aux radiateurs individuels : un bond vers un avenir plus responsable.

Jean-Christophe Fouquet

 

Le réseau en bref

Le réseau de chaleur, c’est une eau chaude plus propre (moins d’énergie fossile), plus sûre (pas de chaudière à proximité) et moins coûteuse (dépendance réduite vis-à-vis du marché énergétique).

 

 

COMMENT ÇA MARCHE ?

Il s’agit d’un circuit souterrain de tuyaux qui achemine de l’eau chaude et la récupère froide. L’eau chaude est injectée dans le réseau à partir de centrales réparties sur le territoire, notamment des chaufferies. Il y a neuf sites de production pour optimiser les ressources locales, dans une optique d’autonomie et d’écologie.

La chaleur y est produite :

  • par pompes à chaleur sur les eaux usées des stations d’épuration,
  • par chaudières biomasse, qui brûlent des résidus de bois des Hauts-de-France,
  • par géothermie, en captant la chaleur dans le sol,
  • par du biogaz et du gaz naturel (l’objectif étant de se passer de ce dernier),
  • par cogénération (chaleur + électricité).

 

Un réseau de chaleur plus grand et plus vert 2 © Laurent Rousselin / Amiens Métropole

La température dans les foyers des deux chaudières de la chaufferie biomasse, qui consomment 20 000 tonnes de bois par an, avoisine les 750 °C. L’eau qui sort des tuyaux peut atteindre 105 °C.

© Laurent Rousselin / Amiens Métropole

 

50 km de réseau contre 8 km en 2017 (75 km en 2025).

19 000 équivalents logements desservis (26 000 en 2025).

3 500 m3 d’eau dans le réseau.

34 % : part de la Ville au capital d’Amiens Energies (Engie : 51 %, Banque des territoires : 15 %).

 

 

DOUBLE BOUCLIER

Les abonnés au réseau de chaleur ont bénéficié d’un « double bouclier tarifaire », sourit Vincent Pibouleu, le directeur général d’Amiens Energies. Outre la limitation nationale des tarifs du gaz et de l’électricité dans le contexte de crise énergétique et de flambée des prix, le réseau de chaleur fut lui-même un bouclier par sa moindre dépendance vis-à-vis du marché : « Les énergies ont connu des augmentations de 500 % à 1 000 % durant l’année dernière, mais Amiens Energies n’a augmenté que de 30 % entre 2021 et 2022 ».

 

ON PEUT S’Y BRANCHER ? NON, MAIS...

Le réseau de chaleur ne vise pas les particuliers en logements individuels, car les coûts de raccordement seraient trop élevés. « Le réseau produit une chaleur moins coûteuse pour nombre d’Amiénois peu fortunés, souligne le maire d’Amiens Brigitte Fouré. Mais pour que tout le monde en profite, « nous reversons l’argent dégagé par le réseau sous forme d’aide à la rénovation des logements des particuliers. C’est un cercle vertueux. »