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« Une cathédrale, c’est toujours une émotion »

Jean-Jacques Annaud présentait le week-end dernier au Gaumont Notre-Dame brûle en avant-première. Pour recréer la fournaise du 15 avril 2019, le cinéaste a sollicité plusieurs cathédrales, dont celle d’Amiens (lire ici l’article du JDA #982). Entretien.

« Une cathédrale, c’est toujours une émotion »  © Laurent Rousselin / Amiens Métropole

16.03.2022

JDA 1007

JDA : Notre-Dame brûle sort trois ans après l’incendie. Cette réactivité fut-elle un avantage ?

 Jean-Jacques Annaud : J’ai recueilli des témoignages moins d’un an après. Forcément, les souvenirs restaient frais. C’est agréable d’être verrouillé par les récits, aussi incroyables soient-ils. Mais il s’agit d’une fiction. 95 % des images viennent d’un plateau de cinéma ou de décors naturels.

 

Bien qu’athée, vous respectez les religions. Quelle fut votre réaction le jour du drame ?

 Notre-Dame, c’est mon amie d’enfance. Un émerveillement. Quand je rentre dans une cathédrale, c’est toujours une émotion. Ce jour-là, j’étais en Vendée. La télé ne marchait pas, j’attendais avec ma femme autour de la radio. Nous étions sidérés et extrêmement attristés. J’ai tout de suite vu le potentiel. Et j’ai dit : “Imagine le nombre de crétins qui vont se précipiter pour en faire un film !”. Et me voilà !

Vous étiez invité du Festival du film en 2019. Ce fut votre découverte de Notre-Dame d’Amiens ?

 Je la connaissais déjà. Elle a une sacristie avec une légère courbe qui la rend très sexy, comme dirait Brad Pitt. Et cette charpente extraordinaire dans le clocher, la plus belle que j’ai vue. Je crois connaître les quelque 80 cathédrales gothiques de France. Le gothique est différent de l’art roman : le roman c’est prier dans une ambiance sombre, alors que là, on vous propose de regarder vers le ciel.

 

Pourquoi l’avoir choisie ?

 Amiens faisait partie des candidats théoriques. C’est l’une des plus grandes. Pour Le Nom de la rose, j’avais visité 325 monastères. Cette fois, juste une quinzaine de cathédrales, car toutes ne convenaient pas : là ce n’est pas la même roche, là c’est du flamboyant, etc. Il ne faut pas que le public soit dérangé. Si je vais soudainement au Sacré-Cœur, ça ne va pas le faire !

 

Avec Bourges et Sens, comment créer l’illusion ?

 Par exemple, un homme prend une clef et sort. Je fais construire à Bourges une porte supplémentaire afin que l’une cache l’autre. À Amiens, on refait la porte, un autre sas : au montage on sort donc d’Amiens, puis il y a un plan à Bourges et un autre en studio. C’est rigolo à faire (rires). Entre ces cathédrales, des angles peuvent être vraiment similaires. Nous avons aussi maquillé des piliers.

 

Vous avez tourné deux jours ici, notamment sous la charpente. En espace confiné en période de confinement...

 On était masqués. Les gens me demandaient ce que je craignais sur ce tournage. Je répondais : « Que quelqu’un attrape le Covid ! ».

Propos recueillis par Jean-Christophe Fouquet

 

Notre-Dame brûle, en salles le 16 mars