Il y a un nouveau shérif en ville

Rien ne va dans l’annonce d’armement létal de la Police Municipale. La méthode ? Les élu.e.s l’ont appris par voie de presse, avant même tout débat en conseil municipal sur un tel enjeu crucial. Le fond ? Hautement discutable.

Plutôt que le désamorçage des conflits, par une police de proximité (largement supprimée par la majorité, fermeture de postes dans les quartiers à l’appui), c’est le choix de l’affrontement qui est fait, pour une force de police dont ce n’est pas la compétence. Se substituer à la faillite de l’Etat en donnant des missions qui ne devraient pas être les leurs à des policiers qui n’ont pas été recrutés pour ça et dont ce n’est pas le métier, c’est seulement creuser le problème, pas le résoudre, en risquant un désengagement encore plus important de l’Etat.

Pire, faire le choix de l’affrontement, c’est exposer les policiers eux-mêmes et donc les mettre en danger, plus que les protéger. Et ce alors qu’il y aurait encore tant à faire pour recréer de la proximité, du lien et du dialogue, non seulement avec une police municipale apaisée et dans la prévention, justement, mais aussi avec un renforcement de la présence d’éducateurs, de médiateurs et de structures sociales.

Mais en plus, cet argument de sécurisation des agents ouvre la boîte de Pandore. S’il faut des armes pour protéger une profession de la délinquance à laquelle elle est confrontée, va-t-on armer les professeurs et les éducateurs ?

Enfin, nous avons bien noté dans la communication du Maire que ce sera, en réalité, à la prochaine équipe municipale de rendre effectif cet armement de la Police Municipale. Si la raison à cela (la formation des policiers) est salutaire pour éviter au maximum les risques d’erreurs, cela prouve une chose : que Monsieur le Maire est surtout dans l’effet d’annonce et prépare sa campagne avec une thématique phare, le tout sécuritaire.

Hélène Delattre et Zoé Desbureaux

h.delattre@amiens-metropole.com – z.desbureaux@amiens-metropole.com

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