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L’usine historique de velours de 1857 fermée en 2008 reprend vie avec l’ouverture le 16 septembre de La Filature, un restaurant pub où la bière est brassée sur place, symbole du renouveau du site.

Cosserat, une bière à l'édifice  © Laurent Rousselin / Amiens Métropole

13.09.2023

JDA 1055

Ce fut le poumon économique d’Amiens : l’usine Cosserat à Montières avec, à perte de vue, ses bâtiments de la révolution industrielle. Dans ce décor de briques et de grandeur, plus d’un millier d’ouvriers s’agitaient il y a un siècle pour faire la renommée de la ville, célèbre pour son velours. Las, il y eut la crise, la concurrence de pays émergents et puis plus rien du tout. Ce pan d'histoire fermait en 2008, n’attirant longtemps que les herbes folles. Quelques passionnés, ceux de l’association Bleu de Cocagne, désireux de sauver de vieux métiers à tisser, ont d’abord maintenu la fibre Cosserat dans un coin du site. Puis, ces dernières années, la manufacture Bonvallet, spécialiste du tissu gaufré à chaud, et la société CIT-Dessaint (qui réalise notamment le maillot des Gothiques) y installaient leurs ateliers.

Brewpub ? Kézako ?

Là, une tout autre révolution s’annonce : à partir du 16 septembre, le site Cosserat rallume les machines, celles des cuves et des (quinze !) tireuses à bière d’un concept inédit baptisé La Filature. Dans ce baraquement qui abritait le centre médical de l’usine, Pauline Crome, Nicolas Prudhomme et Vincent Lelieur ont imaginé un brewpub (prononcer brou-peub) : « C’est une microbrasserie-bar-restaurant », traduisent-ils. Les bières sont brassées sur place et les tireuses directement connectées aux cuves, « mais il y a à la pression des limonades, du cidre et de la bière sans alcool... ». On y mange : ambiance bistrot le midi (avec les légumes de l’île Sainte-Aragone), ambiance snack le soir. « Ça manquait dans le secteur », sait Nicolas Prudhomme.

 

« Ça donne de la vie au site »

Si près de l’ouverture, on s’active entre l’odeur du houblon et le bruit des perceuses. La décoration, chinée, envoie : atmosphère 1930, comme si les employés de Cosserat étaient partis la veille. « Quelle excitation, jubile Pauline Crome. On cherchait un lieu depuis six ans. On ne pouvait pas trouver mieux entre un site industriel chargé d’histoire, la nature et le fleuve pas loin. » « Je ne connaissais rien de ce passé, avoue Nicolas Prudhomme. Ma grand-mère de 96 ans m’a révélé que mes arrière-arrière-grands-parents ont travaillé là. C’est dingue ! » Philippe Dessaint (de la société CIT-Dessaint), voisin longtemps isolé, savoure : « Ça donne de la vie à ce site incroyable ». Et l’histoire continue.

Antoine Caux

 

À la tienne Eugène

Parmi les bières imaginées pour l’ouverture, une New England IPA (bière houblonnée) porte le nom d’Eugène, comme Eugène Cosserat qui installa les usines de la société familiale à Montières.

 

 

« D’autres suivront »

Cinq propriétaires se partagent les 13 hectares du site Cosserat : la Ville d’Amiens, Amiens Métropole, Germain Benoît (manufacture Bonvallet), CIT-Dessaint et le promoteur Réalités (5 ha). Ce dernier prévoit la rénovation de 8 000 m2 de bâtiments et 34 000 m2 de construction. « Dès le départ, les élus amiénois ont demandé d’y mêler habitations, activités économiques et services », rappelle Annie Verrier, adjointe au maire déléguée à l’urbanisme. Le brewpub La Filature et l’atelier de tapisserie Bouchendhomme (situé en face, lire sur amiens.fr/Bouchendhomme) ont répondu au premier appel à projet de Réalités. Annie Verrier : « Ils ont eu le courage de se lancer. Dans la foulée, d’autres suivront ».