« L’armement ne règle pas tout mais il protège »
58 % des policiers municipaux sont dotés d’armes à feu en France*. Le maire d’Amiens Hubert de Jenlis a annoncé que ceux d’Amiens allaient l’être aussi. Il s’en explique.

18.06.2025
JDA 1121
JDA : Un événement a-t-il pesé sur votre décision ?
Hubert de Jenlis : Heureusement, Amiens n’a pas eu à déplorer d’événement déclencheur. Mais aurait-il fallu attendre un drame pour agir ? Notre ville n’est pas épargnée par la délinquance et, depuis la création de la police municipale il y a trente ans, les menaces ont évolué. Mon choix n’a rien d’idéologique : je me devais d’agir.
L’arrivée des tasers n’était pas suffisante ?
Le pistolet à impulsion électrique est une arme de dissuasion : à ce titre, il reste l’arme la mieux adaptée aux missions de la police municipale. L’arme létale ne peut servir qu’en cas de situation exceptionnelle de légitime défense. Ma responsabilité en tant que maire est que, si une telle situation devait se produire, les policiers municipaux soient protégés, que les Amiénois soient protégés. Nous ne prétendons pas que cet armement règlera tous les problèmes. Mais il protège. Et pour que l’insécurité diminue, nous poursuivrons nos efforts avec nos partenaires.
Qu’en pensent les policiers municipaux ?
Ils sont soulagés : depuis cinq ans que je suis à leurs côtés, comme premier adjoint à la sécurité puis comme maire, ils m’avaient fait remonter ce besoin afin de pouvoir patrouiller plus sereinement. Dans 70 % des villes de plus de 100 000 habitants, leurs collègues sont dotés d’armes létales.
Des postes sont à pourvoir dans la police municipale. Cette mesure peut-elle jouer ?
Sans doute. Des candidatures sont arrivées depuis l’annonce. Mais mon but ici n’est pas de rendre la police municipale plus attractive, c’est de la rendre plus efficace.
Quand seront-ils équipés et formés ?
J’ai officiellement demandé au préfet l’autorisation de détenir des armes létales. Les équipements arriveront à la rentrée. Les formations obligatoires suivront fin 2025, début 2026, ainsi que les visites médicales. À la fin de ce processus, les demandes individuelles d’autorisation de port d’armes à feu seront faites. Mais il faut savoir que nombre de nos policiers municipaux ont déjà porté une arme dans de précédentes fonctions (ex-gendarmes, militaires…). Et tous ont déjà suivi la formation théorique, qui est commune à celle du port du pistolet à impulsion électrique.
Cela change-t-il leurs missions ?
Non ! La doctrine d'emploi de la police municipale ne change pas : elle est et restera une police de proximité. Elle ne se substitue pas à la police nationale, elle lui est complémentaire.
Comment réagissent les Amiénois ?
Beaucoup ont déjà fait part de leur satisfaction. Cela renforce le sentiment de sécurité auxquels ils aspirent légitimement.
Propos recueillis par Alexis Durand
(*)Source: ministère de l'Intérieur.