Budget : entre chiffres annoncés et réalité vécue par les Amiénois
10.11.2025
JDA 1133
Le budget supplémentaire a été soumis au vote du conseil municipal. Niveau d'investissement qualifié d'historique, dette présentée comme maîtrisée, absence de hausse d'impôt annoncée pour 2026 : le tableau semble rassurant. Pourtant, plusieurs interrogations méritent d'être posées.
Sur la fiscalité d'abord. Affirmer qu'il n'y aura pas de hausse d'impôt revient à travestir la mécanique bien connue de l'impôt foncier : celui-ci résulte de la multiplication de la base locative fixée par l'État et du taux voté localement. Quand la base augmente et que le taux reste stable, le contribuable paie davantage. Ailleurs en France, de nombreuses collectivités ont baissé leur taux pour compenser la hausse de la base nationale. Ce choix n'a pas été fait à Amiens, où la pression fiscale s'est accrue chaque année depuis 2020.
Concernant les investissements, les montants affichés impressionnent sur le papier. Mais qu'en perçoivent concrètement les habitants ? Des chantiers qui s'éternisent, des projets qui glissent d'une année sur l'autre, des services publics dont l'amélioration ne suit pas la mesure des sommes engagées. Investir massivement ne suffit pas si le quotidien des Amiénois ne s'en trouve pas transformé.
Enfin, la question structurelle de la masse salariale mérite attention. Celle-ci augmente de 1,3 million cette année. Cette hausse mécanique réduit sa capacité d'autofinancement future. Moins d'autofinancement signifie plus d'emprunt demain, et davantage d'annuités à rembourser. Pourquoi ne pas engager parallèlement une stratégie de rationalisation des services supports et de modernisation administrative ? Plus de la moitié des collectivités françaises investissent dans l'intelligence artificielle pour automatiser les tâches répétitives. Cette modernisation n'est pas un luxe, c'est une nécessité pour préserver nos équilibres budgétaires.
Julia Bellina, Carole Chauveau et Renaud Deschamps
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