Et si nous rendions enfin au débat municipal son sens premier ?

Il y a quelques jours, le Conseil municipal s’est réuni pour le traditionnel débat d’orientations budgétaires. Comme chaque année, l’exercice a eu lieu : chiffres, tableaux, présentations, promesses. Et comme chaque année, les élus d’opposition ont formulé des propositions, partagé des constats, ouvert des pistes d’amélioration.

Mais l’expérience, nous la connaissons : nos contributions sont saluées d’un « merci pour votre intervention », puis rangées sans suite. Ce rituel politique, vidé de sa substance, pose une question simple : à quoi sert encore le débat si son issue est décidée d’avance ? Le cœur battant de la démocratie locale devrait être ce conseil municipal, où se confrontent les visions, où se partagent les analyses, où s’enrichit la décision publique. Or ce lieu d’intelligence collective s’est lentement transformé en chambre d’enregistrement des choix d’un exécutif qui décide seul. Ce n’est pas une question de majorité ou d’opposition : c’est une question de méthode. Car lorsque l’on refuse d’écouter d’autres voix que la sienne, on prive la ville de la richesse qu’apporte la diversité des points de vue. On interdit à la démocratie de respirer. Amiens mérite mieux. Amiens mérite un vrai débat. Nous proposons donc une autre voie : transformer nos commissions municipales en véritables ateliers de travail, où majorité et opposition peuvent confronter leurs visions bien en amont des décisions finales. Co-construire, plutôt que commenter. Préparer ensemble, plutôt que subir. Cette méthode ne coûte rien, sinon un peu de courage politique. Elle offrirait en revanche un gain immense : celui de redonner du sens à l'engagement collectif. Oui, la politique peut être autre chose qu’un théâtre d’affrontements. Elle peut être un lieu de sens, d’écoute et d’action partagée. À Amiens, nous en faisons le pari.

Julia Bellina, Carole Chauveau et Renaud Deschamps

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