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Régis Hautière sur tous les fronts

Entre le suivi de l’adaptation ciné de sa série La Guerre des Lulus, dont le tome VIII sort le 5 octobre, et la parution des Révolutionnaires au Lombard le 1er septembre, le scénariste amiénois ne chôme pas. Petit point sur l’actualité de Régis Hautière en sa compagnie.

hautiere 01 © Noémie Laval
Régis Hautière dans les entrailles de la maison de Jules Verne
Photo Noémie Laval

27.09.2022

Nous sommes dans la Maison de Jules Verne. Pouvez-vous nous parler de Vive Jules Verne !, sorti en mars dernier ?

Je connaissais l’éditrice (Dominique Brisson, ndlr), qui préparait un livre sur Jules Verne dans la collection Tout ou presque, adressée aux adultes. C’était déjà des miscellanées. À n’importe quelle page, on avait un article, une anecdote. J’aimais beaucoup ce principe de papillonnage. À l’époque je travaillais – et je travaille toujours – sur des projets autour de Jules Verne. Je lisais beaucoup de romans, de biographies, j’étais plongé dedans, j’avais plein de choses à raconter. Mais l’ouvrage avait déjà un scénariste. Dominique, qui voulait un équivalent pour la jeunesse et savait ma déception, m’a proposé ce livre. Et j’ai bien sûr dit oui.

C’est très différent d’une bande dessinée. Ce fut un travail difficile ?

Oui et non. J’ai eu tendance à trop en mettre, avec un style assez encyclopédique, approprié aux adultes. Dominique m’a réorienté vers un ton plus adapté aux enfants. J’ai revu mes premiers articles, et j’ai trouvé le bon ton. Cet exercice m’a beaucoup aidé pour le cahier pédagogique des Révolutionnaires.

1 - Vive Jules Verne (Cours toujours)

Révolutionnaires, c’est votre nouvelle série. Ce projet vous tenait à cœur ?

L’idée m’est venue un ou deux ans après le début de La Guerre des Lulus. Je lisais beaucoup sur la Révolution française, des biographies, des fictions, des grands classiques, et même du fantastique. Et comme j’adorais mettre en scène des enfants dans les Lulus, j’ai voulu appliquer le principe à la Révolution. C’est resté dix ans dans un coin de ma tête. Il y a un an et demi, Xavier Fourquemin, le dessinateur, m’a contacté. On s’était revus à un petit festival, le seul que nous avons pu faire entre les confinements. On a passé quatre jours ensemble. En février, alors qu’il venait d’être planté par un scénariste, il m’a demandé si je n’avais pas quelque chose pour lui. Je me suis dit qu’avec son dessin, cette idée pourrait coller. Il m’a tout de suite dit que le sujet, la période, l’esprit d’aventure, lui plaisaient.

 

Et vous avez choisi Le Lombard.

Plusieurs éditeurs étaient intéressés. Xavier avait envie de retravailler avec Le Lombard. Je n’avais jamais bossé avec eux, mais j’aime bien varier les éditeurs.

 

Le premier tome vient de sortir. Le deuxième, c’est pour quand ?

Il est fini et sortira dans un an – mais on aimerait, si possible, le sortir au printemps pour l’avoir au Rendez-vous de la BD d’Amiens. Et on sait que les jeunes aujourd’hui aiment des sorties plus rapprochées. On en est à la moitié du troisième, et, normalement, du dernier, selon notre contrat. Mais, aussi bien du côté du Lombard que du nôtre, l’envie est d’aller plus loin, de faire l’équivalent d’un roman-feuilleton, d’une grande saga d’aventures.

 

C’est une grosse sortie ?

Ils l’ont placé à 17 000 exemplaires, le tirage doit être vers les 20 000. Pour un premier tome de série, c’est beaucoup, ça a dépassé leur objectif de 12 000, qui était déjà haut.

2 - Révolutionnaires (Le Lombard)

Autre série en cours : où en sont les Spectaculaires ?

Je parlais tout à l’heure de Jules Verne. Justement, le sixième tome des Spectaculaires se passe à Amiens, et en grande partie ici, dans sa maison. Le professeur Pipolet reçoit une lettre de son ami Jules Verne lui demandant de le retrouver au plus vite chez lui. Le problème, c’est que l’écrivain, à ce moment-là, est mort depuis cinq ans… Il y a comme un hic. Pipolet vient donc avec les Spectaculaires, qui tournent avec leur nouveau spectacle. Et ça tombe bien, à Amiens, il y a un cirque. Tous habitent dans la maison de Jules Verne, alors transformée dans notre histoire en pension de famille. Le tome devrait sortir en février ou mars (toujours chez Rue de Sèvres, ndlr).

3 - Les Spectaculaires (Rue de Sèvres)

Et le huitième Guerre des Lulus sort ce 5 octobre chez Casterman. Avec cette fois Luce en première ligne ?

C’était un personnage très important au début de la série, qui venait perturber ce groupe soudé. On l’avait laissée au tome IV. Là, on revient chronologiquement avant le dernier tome paru, pour raconter ce qu’elle a vécu dans l’intervalle, jusqu’à ce que Luigi et Lucien la retrouvent. On en sait plus sur Luce, sa famille, ses amis. C’est son grand retour.

 

Combien de tomes suivront ?

Encore deux. Un consacré à Lucas, au Pays-Bas, et un avec Ludwig, le narrateur des cinq premiers tomes, en Allemagne. On va retrouver la voix-off des origines et ainsi boucler la boucle. Au total, ça fera douze volumes, avec les deux hors-séries La Perspective Luigi. On ne ferme pas totalement la porte, mais quoi qu’il arrive j’ai envie de laisser passer un peu de temps. Ça fait déjà treize ans qu’on vit avec les Lulus ! Et entre le film, les romans, l’escape game…

 

Des romans Guerre des Lulus ?

Les deux premiers tomes sortent à partir de janvier. Les deux suivants sont en cours de correction. Ce sont des romans jeunesse avec des illustrations de Hardoc, qui reprennent l’histoire des BD. Ce n’est pas moi qui les ai écrits, mais Eva Grynszpan, pour Casterman jeunesse. Quant à l’escape game, je ne m’en suis pas occupé mais Hardoc a fait des dessins. Il devrait sortir en même temps que le film et la réimpression du premier tome en tirage spécial à 5 € à plusieurs dizaines de milliers d’exemplaires.

Retrouvez ici les premières pages du tome VIII de La Guerre des Lulus
4 - La Guerre des Lulus (Casterman)

Le film sort le 18 janvier. Vous avez pu assister au tournage ?

J’ai visité quasiment tous les sites de tournage, sauf le prologue à Arras. Il n’a pas été tourné par ici. Au plus près, c’était à la frontière avec l’Aisne, ainsi qu’au petit train de la Haute Somme.

 

C’est un film à gros budget. Le tournage fut impressionnant ?

Très ! Ils ont reconstitué en un mois et demi un village bombardé. Et il y a un champ de bataille avec des centaines de mètres de tranchées, des explosions, des cascades… On était des enfants devant un jeu vidéo. C’était une super ambiance. Ce n’est pas moi qui le dis, car je n’ai pas d’expérience, mais les membres de l’équipe eux-mêmes. Déjà, le plateau était accessible. Or, souvent, les auteurs de l’œuvre originale ne sont pas les bienvenus… Ils ont même généreusement ouvert le plateau au public. Plein d’écoliers sont venus avec leurs classes. Et dès qu’il y avait un problème, chacun essayait de le résoudre. Ça a donné une atmosphère exceptionnelle, même pour une si grosse équipe d’environ 130 personnes. On s’est revus samedi (17 septembre, ndlr) pour la première projection en interne. Tout le monde n’a qu’une hâte : faire un Lulus 2. L’écriture est en cours. Le feu vert pour le tournage dépendra bien sûr du succès du premier.

 

Quels volumes couvre le film ?

Cela reprend des flashbacks du tome VI et s’arrête à la fin du tome III. Mais la chronologie n’est pas la même : nous, cela se passe sur plusieurs années. Là, en quelques mois.

 

Comment, alors, faire une éventuelle suite ?

La logique serait d’enchaîner avec La Perspective Luigi, mais ça implique une nouvelle bande de gamins, et il y aurait trop de personnages à gérer. Donc quoi qu’il arrive, la suite s’écarterait bien plus de notre BD que celui-ci. Mais déjà là il y a beaucoup de différences, c’est une autre œuvre, avec des scènes ôtées, d’autres ajoutées. Le personnage incarné par Isabelle Carré est un ajout. Et le tirailleur sénégalais interprété par Ahmed Sylla vient d’une petite histoire des Lulus pour la revue amiénoise Pierre Papier Chicon, il n’apparaît pas dans les albums. Le ton du film est plus action, road-movie. Assez différent de la nostalgie qui prédomine dans la BD.

 

 

5 - La Guerre des Lulus, le film (Wild Bunch)

Quel verdict après ce premier visionnage ?

C’est très compliqué pour moi (rires). Objectivement c’est un bon film qui devrait plaire à beaucoup de monde, notamment les gamins – je sais que, gamin, j’aurais adoré. Mais c’est compliqué : j’avais lu différentes versions du scénario, j’avais assisté au tournage, j’avais vu des rushes… alors je savais exactement ce qui allait arriver. Je n’ai pas pu rentrer dans l’intrigue, je n’ai cherché que les défauts, comme si j’étais en relecture d’un de mes bouquins avant l’impression. Ça ne sert à rien, et ce n’était pas du tout un visionnage serein ! Mais beaucoup ont versé leur petite larme.

 

Voilà le marathon des avant-premières ?

Et il y en a beaucoup, à commencer par Reims, Le Mans et Saint-Malo. Deux sont prévues à Amiens : au Ciné Saint-Leu pendant le Festival du film et au Gaumont. On y retrouvera notamment Léonard Fauquet, qui joue Ludwig et qui est amiénois. Il n’avait pas prévu de faire du cinéma mais semble y avoir pris goût (sourire).

D’autres actualités ?

On termine le deuxième tome du Clan de la rivière sauvage, qui devrait sortir au premier semestre 2023 aux éditions de la Gouttière. J’ai d’autres projets sur le feu, mais chaque chose en son temps. C’est déjà pas mal ! (rires).

 

Propos recueillis par Jean-Christophe Fouquet

6 - Le Clan de la rivière sauvage (Éditions de la Gouttière)