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L’exposition Pierre et Hybridation domestique, à découvrir à la galerie Totem jusqu’au 2 décembre, livre le fruit d’une créative collaboration entre des étudiants en métiers d’art et du design du lycée Édouard-Branly et les tailleurs de pierre du lycée de l’Acheuléen.

Lou Lamotte © Ingrid Lemaire

14.11.2023

Initiative du campus des métiers d’arts et du patrimoine des Hauts-de-France et du Lycée Édouard-Branly, l’exposition Pierre et Hybridation domestique dévoile jusqu’au 2 décembre à la galerie Totem, le savoir-faire et le génie créatif d’une douzaine d’étudiants designers du lycée Édouard-Branly spécialité matériaux et innovation sociale, en partenariat avec une dizaine d’élèves tailleurs de pierre du lycée de l’Acheuléen. Dans une démarche d’expérimentation et de transmission, cette collaboration féconde coordonnée par Mathilde Gullaud, designeuse parisienne, clôt une année de travail. « Il s’agissait de mêler les pratiques entre élèves d’univers différents et de confronter les manières de penser, le savoir et l’idée de concept, indiquent Laurence Aubourg et Régis Langeo, professeurs au lycée Édouard-Branly qui forme au diplôme national des métiers d’art et du design (DN MADE). Les tailleurs de pierre reproduisent à l’identique. Ce projet leur a permis de bousculer leur pratique historique et de voir autrement leur matériau, de changer d’échelle et de perspective. De leur côté, les étudiants en design n’avaient jamais appréhendé la pierre. Ils en ont découvert les propriétés ainsi que les différentes méthodes et étapes de transformation. C’était un vrai challenge en termes de réflexion et de développement de projet. » C’est aussi la première fois que les travaux d’étudiants du lycée Branly sont par ailleurs exposés hors les murs de leur établissement niché à la cité scolaire du boulevard de Saint-Quentin.

Survie des falaises en question

Parmi les neuf créations présentées, la Marquise d’Opale d’Elsa Hainselin et de Flavie van Iseghem. Leur structure en chêne supporte sans aucun moyen de fixation une pierre dure issue de la carrière de la Vallée Heureuse dans le Pas-de-Calais et elle-même taillée afin d’accueillir un micro-écosystème recréant le milieu avec des plantes qui y poussent. « Le projet s’inspire des falaises de Boulogne-sur-Mer, écosystème fragile et menacé par l’érosion, indique d’Elsa Hainselin, étudiante en 2e année de DN MADE au lycée Édouard-Branly. La structure suggère les étais qui les soutiennent. Ça permet de montrer leur fragilité, de sensibiliser à la biodiversité dans la région, à l’érosion et la préservation du milieu et de ses composantes. C’est un site protégé avec des espèces qui y vivent exclusivement toute l’année. » Pour l’étudiante, être exposé est un véritable aboutissement : « Cela finalise un projet. La sensibilisation du public prend ici tout son sens. »

Elsa © Ingrid Lemaire

Pierre en équilibre

Autre projet, celui de Maxime Marionnaud et de Pauline Delbrayelle : Σ(CentreDeGravité). Le lien créateur d’équilibre et de tension se compose de trois prototypes qui révèlent d’ingénieux assemblages de petits blocs de pierre avec de simples cordes mises en tension. « C’est inspiré du système de levage avec un dispositif de poids et de contrepoids », explique Maxime Marionnaud, également étudiant à Édouard-Branly. Chaque bloc, à la fois singulier et d’aspect brut, présente des petites encoches qui permettent de maintenir la corde qui les lie entre eux. « Ici, on a de la pierre de taille calcaire, du marbre de Lunel, près de Boulogne-sur-Mer, de la pierre bleue issue de sol marécageux… La question que l’on se pose est de savoir comment font ces structures pour se maintenir en équilibre sachant que celle-ci est par exemple destinée à exposer un objet dit en équilibre et donc à supporter le plus de poids ? »

Maxime 2 © Ingrid Lemaire

Marbre en transparence

L’objet fini de Tessa Ichambe et de Gabriel Valois valorise quant à lui les chutes de marbre Lunel que l’on retrouve dans les carrières de la vallée Heureuse dans le Pas-de-Calais. Nebula exploite la transparence de fines plaques de marbre nervurées et incrustées de cristaux que sublime un système d’éclairage à led fixé sur un socle de plâtre d’aspect rugueux. « Estimées trop fragiles, ces fines plaques sont peu utilisées et valorisées, souligne Tessa Ichambe. Le socle lumineux évoque un aspect transitoire de la matière, contraste avec l’aspect lisse de la plaque et lui redonne une fonction. » À la galerie Totem, le duo expose trois pièces différentes qui peuvent servir de pièces d’éclairage d’ambiance à poser.

Tessa 2 © Ingrid Lemaire

Bloc en mouvement

Notion de mouvement appliqué à un matériau habituellement inerte : le projet Aube de Lou Lamotte et de Romane Chatelin explore quant à lui ce principe via une installation présentant les tranches d’un moellon découpé intercalées de plaques lumineuses de verre coloré. « Ce bloc a été fendu en trois morceaux. On y a découvert des fossiles et coquillages. C’était la surprise. Ces plaques de verre texturées que j’ai découpées sont interchangeables, décrit Lou Lamotte, également étudiante en 2e année du diplôme national des métiers d’art et du design au lycée Édouard-Branly et qui a suivi un stage en verrerie. Le mécanisme de mouvement latéral s’inspire du système de billes de silex utilisé par les tailleurs de pierre pour déplacer de lourds blocs. »

Strate géologique

Le Stratystème de Pauline Leroyer, Tess Dumont-Roussel et Emma Lheureux assemble avec du mortier coloré de pigment naturel, plusieurs petites pierres de calcaire tendre. « Leur porosité est exploitée pour recevoir des plantes grasses et des graines de chia germées, indique Pauline Leroyer, elle aussi étudiante de la promo. Le projet rappelle une strate géologique ici suggérée par les marques laissées par le geste de la taille de pierre. Stratystème est un écosystème d’intérieur miniature. Nous avions juste commencé par entasser des cailloux. Et puis la manipulation nous a ouverts à la réflexion et à la possibilité d’y faire pousser des plantes. » Cohérents les uns avec les autres, les projets valent le détour. Le fruit d’une belle collaboration à découvrir absolument.

Ingrid Lemaire

Pauline Leroyer © Ingrid Lemaire

Pierre et Hybridation domestique, à la galerie Totem (40, place Notre-Dame), du mardi au vendredi, de 14h à 19h et le samedi, de 14h à 18h, jusqu’au 2 décembre.

Vernissage le 16 novembre, à 18h, en présence de Pierre Savreux, vice-président d’Amiens Métropole délégué à la culture.

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