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En partenariat avec la foire d’art contemporain Drawing Now Art Fair, qui pose un regard genré sur le dessin, le Frac Picardie et la Maison de la culture consacrent chacune une exposition sur la question féministe.

1 Tritz  © Ingrid Lemaire

10.05.2023

Frac : un trio se donne la réplique

« Au Frac, espace d’exposition et plateforme ressource qui se métamorphose à chaque rendez-vous, le dessin est aussi d’autres formes d’écriture et de récit », souligne Pascal Neveux, directeur du Frac Picardie.En témoigne le regard identitaire porté sur le féminisme par Sarah Tritz, Antoine Medes et Louise Aleksiejew. Les œuvres du trio y sont présentées jusqu’au 3 juin en prolongement de l’exposition Le Prisme du féminin : machines, ovocytes, fils et potions, thématique de la 16e édition à Paris de Drawing Now Art Fair, la première foire d’art contemporain dédiée au dessin en Europe, qui se tenait en mars. Pour Christine Phal, fondatrice de Drawing Now, « c’est un bonheur d’accéder à la collection du Frac et de la partager. Et de montrer cette année comment les femmes sont à l’avant-garde du dessin comme moyen d’expression ».

Sarah Tritz développe une création plastique protéiforme et présente la diversité de ses gestes à travers des dessins grand format, des sculptures murales comme ces horloges installées en hauteur, de fragiles petits livres de dessins assemblés et du mobilier savamment revisité. D’autres dessins assez autobiographiques et truffés de détails ont été spécialement réalisés pour cette exposition par Louise Aleksiejew. « Ils reviennent sur les contradictions de l’espace domestique et psychologique. Une maison est un espace de réconfort et d’isolement pour s’extraire d’un monde violent mais qui contient aussi ses propres violences, décrit l’artiste. Comment une chambre peut-elle être un refuge, un lieu de repos mais aussi d’angoisse ? » Antoine Medes, dont les pièces s’articulent avec celles de Sarah Tritz et Louise Aleksiejew, développe une pratique hybride de lien entre le dessin et le craft (action qui consiste à fabriquer un objet avec diverses ressources) « comme des moyens d’émancipation et d’économie pour développer ensuite des solutions plastiques ou de mise en espace en céramique ou en bois, en solo ou avec un artisan. Je travaille les rapports de généalogie, de réparation et de violence potentielle ».

 

Le Prisme du féminin : machines, ovocytes, fils et potions, jusqu’au 3 juin, au Frac Picardie – frac-picardie.org 

2 Medes  © Ingrid Lemaire

Maison de la culture : Mouraud en solo

À la Maison de la culture, où l’étage a retrouvé sa transparence et son ouverture sur le parvis, ne cherchez pas une foisonnante somme de pièces de Tania Mouraud. L’artiste pluridisciplinaire, dont l’œuvre est traversée de questions socio-politiques, portée sur l’histoire et attentive à l’écriture comme forme plastique, a choisi de présenter ici une installation graphique monumentale en yiddish qui dialogue avec une vidéo intitulée 5892. L’exposition Comme un rêve de lointain dévoile Mir veln nisht farshtumen (Nous ne nous tairons pas). « C’est plus une inscription qu’une exposition, soulignait Tania Mouraud lors de son passage à Amiens en avril dernier. Depuis le confinement, j’ai appris le yiddish et me suis plongée dans cette culture. Cela m’a permis de renouveler mon écriture et les formes. Pour moi, l’écriture est du dessin. Le yiddish est la langue des femmes, la langue parlée dans l’espace domestique et sur le marché. Les garçons apprenaient l’hébreu. Le yiddish est aussi une langue qui n’appartient à aucun pays, n’a aucune frontière et n’est soutenue par aucun gouvernement. Elle possède également très peu de mots pour décrire la guerre, les munitions et les armes. Je m’y retrouve. » Avec l’œuvreNous ne nous tairons pas,l’artiste, qui exprime un positionnement anti-raciste et prône une éthique féministe d’inclusivité, affiche son engagement. « Nous les femmes ne continuerons pas à rester dans nos cuisines et à recevoir le patriarcat non-stop chacune dans nos cellules. Et en ce moment, tout le monde est dans la rue, Personne ne se tait. Mir veln nisht farshtumen était une manière de me joindre à ceux qui sont contre les faits établis et les cases dans lesquelles on nous met. » Le titre de l’exposition choisi par Tania Mouraud se réfère quant à lui à « un rêve de société dans laquelle nous n’aurions plus à crier nos désaccords ». Percutant.

Ingrid Lemaire

 

Comme un rêve de lointain, à la Maison de la culture, jusqu’au 20 mai – maisondelaculture-amiens.com 

4 Mouraud © Ingrid Lemaire
143  © Ingrid Lemaire
149 © Ingrid Lemaire

357 © Ingrid Lemaire
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527  © Ingrid Lemaire