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« J’avais commencé par deux ou trois romans… de m… »

Gonzague Pillon débarque dans l’actualité littéraire à bord d’un Renault Trafic, son camtar, dans lequel monte un tandem un peu en marge, un peu bancal, comme leur plan : récupérer de vieux manuscrits pour les revendre. C’était sans compter une fuite du Radiateur, titre de ce premier roman réussi paru dans la collection La Grenade chez JC Lattès. Rencontre avec cet Amiénois lors de sa dédicace à la librairie du Labyrinthe.

Gonzague Pillon, fils d'un ancien boucher installé place Gambetta, publie Le Radiateur chez JC Lattès à l'écriture gouailleuse © Antoine Caux
Gonzague Pillon, fils d'un ancien boucher installé place Gambetta, publie Le Radiateur chez JC Lattès à l'écriture gouailleuse.

16.04.2024

Il y a deux ans, vous étiez stagiaire dans cette librairie du Labyrinthe. Vous revenez aujourd’hui en tête d’affiche pour des dédicaces. Ça va vite la vie ?

Jusqu’en 2022, j’étais hot liner dans une boîte d’informatique. Je faisais du dépannage à distance et ça m’a gonflé. Je me suis dit que je n’étais pas obligé de subir ma vie. J’ai alors tenté de devenir bouquiniste. Bon “spoiler alert” : ça n’a pas marché ! Sur deux saisons, je me suis fait 2 000 balles. Les mecs venaient me voir sur les étals et je repartais avec plus de livres qu’à mon arrivée…

 

L’écriture et vous, c’est une vieille histoire ? 

J’écris depuis longtemps, oui. J’ai souvent participé à des concours de nouvelles. En parallèle, j’avais écrit deux ou trois romans… de merde [rires]. J’ai essayé d’envoyer ça à des éditeurs qui m’ont tous répondu avec une formule toute faite, genre “Merci mais non merci”.

Le Radiateur © La Grenade / JC Lattès

Jusqu’au Radiateur… Comment ça s’est passé ?

J’ai trouvé les personnages dès 2017 et je les ai mis dans le Trafic que j’ai acheté au moment de me lancer comme bouquiniste. J’avais réparé le radiateur avec mon frangin (Altaïr, à qui le livre est dédié, ndlr). Je n’ai envoyé le roman qu’à deux éditeurs dont la collection La Grenade chez JC Lattès. C’était tout juste l’année dernière. J’ai reçu un premier e-mail. Je l’ai ouvert en pensant trouver la même formule de politesse. Or le message disait : Je suis en train de le lire, ça me plaît. Le directeur m’a rappelé en juin et c’était parti.

 

Les “héros” du Radiateur s’appellent Mitch, relieur en proie aux huissiers, et José, vanneur et dealer au grand cœur. Il y a quoi de ces deux-là chez vous ?

 

Il y a un peu de moi dans les deux. Ce n’est pas autobiographique. Surtout en ce moment, il y a beaucoup d’autofiction et je n’aime pas trop ça. Mais, comme Mitch, je suis un peu hypocondriaque, j’aime bien la philosophie… En fait, Mitch, c’est moi [rires], même si j’ai suivi le parcours inverse. Il avait un boulot qu’il aimait bien et part dans une aventure où il se passe les chaînes tout seul. Moi, j’ai fait le contraire. J’avais un boulot que je n’aimais pas et je me suis dit que j’allais faire un truc que j’aime bien. 

 

Son acolyte, José, est du Pigeonnier. Il deale. Et pourtant, vous réussissez à ne jamais tomber dans le cliché…

Je faisais de la musique à Cité Carter. J’ai connu des José avec cette gouaille du quartier. D’ailleurs, comme il est dealer, il fréquente tous les milieux et pas que le quartier.

Et il parle en verlan, et vous l’écrivez tel quel…

Avant je n’aurais pas osé. Et puis j’ai lu Laurent Chalumeau et Kiff. Son personnage parlait comme ça et c’était écrit comme ça. Je me suis dit : “Tiens, on a le droit”. Ça a fait sauter un cadenas.

 

Il y a un style direct, nerveux. Et surtout beaucoup de dialogues…

J’ai beaucoup de mal à me concentrer et quand on part dans de très longues descriptions, j’ai tendance à perdre le fil et à penser “Ah bah tiens, je n’ai pas sorti les poubelles” [rires]. J’aime bien quand ça va droit au but. Et puis j’adore les dialogues. J’ai remarqué en tant que lecteur que si je vois trois pages de descriptions, je vais lire en diagonale. Par contre, quand je vois les tirets de dialogue, je suis. Ça, je voulais le garder. Et comme j’ai fait beaucoup de jeux de rôle, j’ai tendance à interpréter les personnages.

 

Vous avez aussi un sens de la vanne. On rigole beaucoup en lisant Le Radiateur…

 Avec mon frère par exemple, on est toujours en train de se vanner. Mais c’est toujours bienveillant. On se permet tout et c’est devenu très naturel. J’ai repris le même esprit. A contrario, dans la vie de tous les jours face à quelqu’un que je ne connais pas, je n’ai pas beaucoup de répartie. J’ai tendance à bloquer…

 

Alors ça devait être l’angoisse à la Maison de la radio quand vous avez été l’invité de la Première matinale de France sur France Inter ?

[Encore surpris]. J’avoue, Je ne me suis pas trop regardé. 

 

Propos recueillis par Antoine Caux

 

Le Radiateur, de Gonzague Pillon

(éd. JC Lattès, collection La Grenade)

 

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