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« Quand il n’y a plus d’avoine dans l’écurie, les chevaux se battent »

Avec son livre Misère et Violence en Picardie (1589-1789), deux siècles de confrontations sociales, l’historien Hervé Bennezon s’intéresse à « cette histoire par le bas », d’une époque où la violence est quotidienne, avec comme terreau l’injustice et la misère.

Misère et Violence en Picardie (1589-1789) d'Hervé Bennezon © Antoine Caux
L’historien Hervé Bennezon dédicacera son livre Misère et Violence en Picardie (1589-1789), deux siècles de confrontations sociales, ce 13 octobre à la librairie du Labyrinthe à 17h.

10.10.2023

Dans un précédent ouvrage La Vie en Picardie au XVIIIe siècle, du café dans les campagnes, l’historien Hervé Bennezon avait déjà épluché la vie des “petites” gens du Santerre, celle notamment de ses ancêtres. Dix ans plus tard, le prolifique enseignant, chercheur associé à l’université de Picardie Jules-Verne et professeur au collège Amiral-Lejeune, nous plonge dans ce territoire après l’avoir fait lui-même dans les archives judiciaires des bailliages (circonscription administrative sous l’Ancien Régime) de Montdidier et d’Amiens, d’Henri IV (1589) à la Révolution (1789), sur toute la dynastie des Bourbon. Pas une histoire poudrée comme la favorite de Louis XV ou les frasques de Versailles, mais une histoire les deux pieds dans la terre : « Une histoire par le bas, comme il dit, une histoire du quotidien ».

l'Historien Hervé Bennezon © DR

Des paysans armés

 

Et le quotidien à l’époque est violent. On bat, on se bat, on frappe, on se venge, on lynche, on roue vif, on fait couler le sang, on met à mort… et l’on vient voir. « Oui, les gens sont très violents », témoigne Hervé Bennezon. Aussi parce que le monde est violent. « En 1597, c’est le siège d’Amiens puis en 1636, durant la guerre de Trente Ans, les Espagnols et leurs mercenaires débarquent et brûlent tous les villages… Les paysans sont armés. Beaucoup de laboureurs ont des fusils. Pour les autres des gourdins font l’affaire. »

 

« C’est une longue période d’injustice et de misère. C’est bien d’elle que découle la violence »

 

La violence est un réflexe. « Les femmes sont frappées par le mari, par le voisin. » La violence est une solution. « J’ai retrouvé trace d’un de mes ancêtres, jugé pour avoir voulu abattre un paysan qui lui avait pris son champ. Un témoin raconte qu’il criait : “Je renie Dieu”, un crime à l’époque ! ». La violence évolue aussi : « Dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle, un curé du Plessier-Rozainvillers (à 25 km au sud-est d’Amiens, ndlr) appelle au lynchage de jeunes filles qui ont adopté le dogme janséniste, à les tuer et à tremper les mains dans leur sang ».

L’horreur des peines

 

L’horreur des peines (le bagne, le bris de membres, l’arrachage d’oreille) n’empêche pas les délits. Comme les nombreux cas de contrebandiers, notamment ceux qui font passer du sel depuis l’Artois du côté d’Authie et de Warloy-Baillon. « C’est une longue période d’injustice et de misère. C’est bien d’elle que découle la violence, conclut Hervé Bennezon. Il est bien un dicton qui dit que quand il n’y a plus d’avoine dans l’écurie, les chevaux se battent. »

 

Antoine Caux

 

 

Hervé Bennezon

Misère et Violence en Picardie (1589-1789)deux siècles de confrontations sociales (éd. Les Indes savantes)

En dédicace le 13 octobre, de 17h à 19h, à la Librairie du Labyrinthe (37, rue du Hocquet)

bennezon 3 © DR