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L'exposition

C’est entre Abbeville et Amiens qu’est née la préhistoire comme discipline scientifique au milieu du XIXe siècle. De nos jours, ce territoire reste un lieu de recherche incontournable pour qui veut comprendre la vie des Hommes préhistoriques. Le bassin de la Somme offre en effet des contextes favorables à la conservation des gisements, depuis les vestiges des premiers peuplements humains en Europe du Nord il y a 700 000 ans, jusqu’aux dernières manifestations des populations de chasseurs-cueilleurs avant l’apparition de l’agriculture il y a 7000 ans environ. Depuis trente ans, des découvertes majeures et parfois inédites ont été faites dans le département. Pour que les connaissances progressent au quotidien, les préhistoriens étudient les vestiges, émettent des hypothèses et s’appuient sur les technologies de leur temps. Cependant, il y a des domaines dans lesquels le mystère reste entier, comme les croyances ou l’organisation sociale de nos lointains prédécesseurs. Dans cet interstice se glisse un élan créateur qui a nourri l’imaginaire commun, parfois au détriment même des vérités discernables.

C’est à un voyage dans les Préhistoires qu’invite cette exposition : celles qu’écrivent les spécialistes au fil de leurs recherches et celles que chacun de nous s’imagine, à tort ou à raison.

Mammouth © Yann Hubert pour Amiens Métropole
Mammouth

I. À chacun sa Préhistoire ?

Dès la reconnaissance de la Préhistoire, autour de 1859, la société s’empare des découvertes et des théories scientifiques pour les mettre en images ou en mots. Alors même que les spécialistes débattent de la manière dont doivent être analysés les gisements et les objets, artistes et écrivains partagent leur propre imaginaire autour de la Préhistoire et de l’Homme préhistorique. Ces œuvres se révèlent ancrées dans la société et les représentations de leur temps. Mais la préhistoire, qui est l’étude des Hommes d’avant l’Histoire, reste elle-même pensée par des scientifiques qui appartiennent à leur époque. Idées, analyses et hypothèses savantes peuvent également être conformes à l’air du temps.

Et si, en définitive, la Préhistoire parlait aussi de nous ? De traits permanents propres à l’espèce humaine, mais aussi de nous en tant qu’hommes et femmes de notre temps, de nos schémas de pensée structurés par la société dans laquelle nous évoluons ? Est-il possible de penser une altérité affranchie de nos présupposés ?

II. Le temps de l’établissement d’une science

Dans les premières décennies du XIXe siècle, les scientifiques se montrent particulièrement actifs et arpentent en tous sens l’Europe à la recherche des « archives du monde ». À compter des années 1840, une convergence s’opère entre archéologues, naturalistes, paléontologues et géologues œuvrant entre Paris et Londres. Tous, avec des outils méthodologiques différents, mènent une quête identique sur l’origine et l’ancienneté de l’Homme. Sur le terrain, ils apportent la preuve décisive que l’espèce humaine a bien été contemporaine d’espèces animales aujourd’hui éteintes ou éloignées de nos contrées depuis des milliers d’années, parties à la recherche d’un climat plus propice. Malgré quelques oppositions, le consensus s’établit. Le 15 septembre 1859, le géologue britannique Charles Lyell annonce reconnaître comme valables les indices qui ont été apportés de l’existence de l’Homme en des temps antéhistoriques. Les grandes institutions scientifiques françaises se rangent elles aussi en faveur de ces conclusions. La Préhistoire est née.

Site d’Amiens-Renancourt 1 en cours de fouilles © Clément Paris, INRAP

III. Étudier la Préhistoire aujourd’hui

Depuis les premières découvertes du XIXe siècle, les recherches en préhistoire se sont transformées. Elles sont aujourd’hui intimement liées à l’aménagement du territoire avec l’essor depuis 30 ans de l’archéologie préventive. Les méthodes de fouilles et d’études en laboratoire ont également changé : à l’inverse de la recherche du «bel objet» au XIXe siècle, on recueille aujourd’hui l’ensemble des vestiges et données qui sont ensuite traités par une équipe pluridisciplinaire. Pour l’étude d’un seul gisement, une dizaine de chercheurs sont mobilisés.

Les méthodes d’analyse s’adaptent et recourent aux technologies les plus modernes. L’objectif n’est plus d’appréhender seulement l’ancienneté de l’Homme. Les questions actuelles sont devenues multiples : dans quels climats et paysages ont évolués les Préhistoriques ? Quels étaient les modes de vie des groupes de chasseurs-cueilleurs ? Comment s’organisaient les campements ? La discipline a bien évolué en 170 ans !

IV. La succession des climats depuis 1 million d’années

Depuis 1 million d’années, le climat connaît des variations cycliques de grande ampleur, caractérisées par une alternance entre de longues périodes froides, dites glaciaires, et des intervalles tempérés beaucoup plus courts dénommés interglaciaires. Entre chaque période, se déroulent des épisodes intermédiaires, lents lors des refroidissements et rapides lors des réchauffements. Ces variations ont pour origine l’excentricité de l’orbite de la terre, l’inclinaison de son axe et le changement graduel d’orientation de celui-ci (théorie de Milankovitch).

Ces alternances influencent les environnements dans le nord de la France : forêts de feuillus (chênes, hêtres) dans les phases tempérées, véritables déserts polaires durant les phases glaciaires et forêts boréales (pins et bouleaux) lors des phases intermédiaires. Ces paysages fluctuant induisent la présence d’animaux et de groupes humains très différents.

La théorie de Milankovitch expliquée en 2’52’’ par Géodéo :

Ours brun mâle  © Irwin Leullier / Musée de Picardie

Le creusement de la Vallée de la Somme au gré des changements climatiques sur 1 million d’années

V. Le site d’Amiens-Renancourt 1

Jusqu’aux années 2010, on connaissait mal le Paléolithique supérieur dans le nord de la France. Les conditions climatiques semblaient trop rigoureuses pour que les Hommes occupent la région. Toutefois, en 1910, Victor Commont avait découvert un gisement dans une briqueterie de Renancourt-Les-Amiens. 100 ans plus tard, à la faveur de l’aménagement d’une ZAC dans ce faubourg devenu un quartier d’Amiens, des sondages suivis d’une fouille ont pu être entrepris. À 4 mètres de profondeur, un campement gravettien abandonné il y a 27 000 ans a été mis au jour, parfaitement conservé. Si l’occupation se place durant la dernière période glaciaire, le niveau archéologique documente une amélioration climatique de quelques siècles seulement favorisant le retour d’une végétation, de troupeaux et donc de groupes humains. Jusqu’en 2023, plus de 180 m² ont été explorés et près de 100 000 vestiges récoltés : silex taillés, ossements d’animaux, outils en os et ivoire de mammouth mais aussi, plus rares, éléments de parure et statuettes en craie.

Les Vénus au bout des doigts - application numérique pour découvrir les statuettes d’Amiens-Renancourt sous toutes les coutures

VI. Louise Hervé et Clovis Maillet, Future lithic reduction

En écho à l’exposition La Somme des Préhistoires, la performance « Future Lithic Reduction » de Louise Hervé et Clovis Maillet réactive des objets très anciens, des outils taillés par et pour des mains humaines, mais que les visiteurs des musées n’ont plus le droit de toucher. Le duo s’empare de la notion de transmission pour en détourner les codes, mêlant l’humour à l’érudition. L’œuvre aborde l’idée de la gynécocratie préhistorique – c’est‑à-dire du gouvernement par les femmes – et de diverses hypothèses archéologiques entourant son existence possible du XIXe siècle à nos jours, notamment la réappropriation de ces théories par les éco‑féministes dans les années 1970.

Louise Hervé et Clovis Maillet, "Future Lithic Reduction", performance, 2019, IAC - Villeurbanne / Rhône-Alpes © Thomas Lannes. ADAGP, Paris, 2024.

Louise Hervé et Clovis Maillet ont fondé en 2001 l’I.I.I.I. (International Institute for Important Items) au sein duquel le duo d’artistes réalise des performances, des films de genre et des installations. Dans leur travail, la création va de pair avec la transmission, et les codes de la recherche universitaire ou de la visite-conférence sont détournés pour interroger les modalités de diffusion du savoir. Bousculant la hiérarchisation des connaissances, le duo traite de l’action sociopolitique ou de la mémoire, de l’histoire ou du féminisme avec autant d’humour que d’érudition.

Quelques explications

Préhistoire ou préhistoire ?

Préhistoire avec une majuscule : la période.

préhistoire sans majuscule : la discipline scientifique

Datation avant le présent : compte tenu de la profondeur du temps en Préhistoire, on date avant le présent et pas avant Jésus‑Christ.

Quaternaire : période géologique la plus récente sur l’échelle des temps géologiques (2,6 millions d’années à nos jours).

Pléistocène et Holocène : subdivisions du Quaternaire. Le Pléistocène est marqué par une succession de période glaciaire et interglaciaire (de 2,6 millions d’années à 11 700 ans avant le présent) tandis que l’Holocène correspond à la période actuelle.

Sédiment : dépôt de particules apportées par l’eau (alluvions), le vent (loess) ou l’écoulement lent le long d’une pente d’un sol gorgé d’eau, dit solifluxion (colluvions).

Le Gravettien ?

Le Gravettien est une culture du Paléolithique récent qui se développe en Europe de 33 000 à 26 000 avant le présent.

Musée de Picardie

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