La lune des pirates

Après la Seconde Guerre mondiale, la dégradation du quartier Saint-Leu s’accélère. Il concentrait en majorité des activités industrielles et artisanales et était l’un des principaux quartiers ouvriers de la ville d’Amiens. La population, vieillissante, est en déclin à la fin des années 1960. Plusieurs pistes sont alors évoquées pour rénover le quartier pendant la Reconstruction. On peut citer le plan de Pierre Dufau de 1942 qui proposait de boucher les canaux pour tracer de grandes artères ou encore le  plan de Jean-Pierre Dacbert en 1962 qui proposait quant à lui de raser le quartier pour le transformer en espace vert et d’accueillir le lycée de jeunes filles. C’est finalement une politique de rénovation qui est choisi par le maire René Lamps. Les travaux commencent en 1974 et ont pour objectif de maintenir la population dans le quartier et de conserver au maximum les habitations en les rénovant avec des matériaux traditionnels. Cette rénovation bénéficie de subventions dans le cadre du lancement des politiques de la ville, en contrepartie le quartier doit se tourner vers des activités à vocation touristique en lien avec sa proximité avec la cathédrale et le centre-ville. L’arrivée de l’université Saint-Leu dans les années 1990 achève de transformer le quartier en renouvelant sa population.

C’est dans ce contexte que la Lune des pirates s’implante dans le quartier dans les années 1980. Un groupe d’amis, baptisé les Indiens picards, inaugure sa salle de concert du quai Bélu le 20 mai 1987 dans un ancien entrepôt de bananes. Le nom de l’association finalement choisi est un hommage au chanteur amiénois Paul Boissard et à l’une de ses chansons intitulée « La Lune des pirates ». La salle est d’abord un cabaret puis se concentre progressivement exclusivement sur la programmation musicale. Aujourd’hui, la salle est spécialisée dans la scène musicale naissante et la mise en valeur des artistes locaux. La création du festival « Minuit avant la nuit » en 2018 a permis de faire raisonner le travail de l’association au-delà des murs de ses locaux du quai Bélu. L’association continue de se développer aujourd’hui avec l’arrivée future d’une nouvelle salle de concert de 500 personnes en cours de construction, toujours au cœur du quartier Saint-Leu. L’histoire de la Lune des Pirates est intimement liée à l’histoire du quartier et de son renouveau. Récemment, l’artiste « Invader » a transformé en mosaïque le symbole de la salle de concert en installant un drapeau de pirate sur la façade du 17 quai Bélu.

Notre Trésor d’Archives est un avant-projet détaillé de la façade de la future Lune des pirates datant de 1985.  Ce document montre bien que la vocation de la salle de concert a évolué au fil du temps. En effet, le nom (les Indiens picards) et la vocation (Café-théâtre) du bâtiment sont très différents de ce qui a été choisi pour l’ouverture en 1987. Ce document provient d’un don de la Lune des Pirates en 2019. Ce don permet de retracer l’histoire complète de cette scène emblématique de la vie musicale amiénoise dans tous ses aspects. On peut y retrouver des documents très administratifs mais également une série de programmes et d’affiches qui permettent d’avoir une vue d’ensemble de l’évolution de la programmation musicale de la Lune des Pirates depuis 30 ans.

Le document :

Cote archives : 13Z46, fonds de la Lune des Pirates

Date : 1985

Support : papier

Condition d’entrée dans les fonds : Don

Conditions de conservation : Dans une boîte archives neutre.

Description : Avant-projet détaillé de la façade de future salle de concert du 17 quai Bélu à Amiens.

D’autres documents iconographiques vous attendent sur notre page Facebook