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Dans la petite école de Creuse, l’instituteur Pierre Duquet développa dès 1945 l’expression artistique libre des enfants. Le village lui rend hommage.

« L’enfant n’a pas à imiter mais à créer » 1 © D.R.
Photo de Pierre Duquet et de ses élèves à retrouver dès maintenant sur les murs de la mairie de Creuse.

17.09.2025

JDA 1127

Creuse, 1945. Un village de 85 habitants, majoritairement des ouvriers agricoles. À l’école, une seule classe réunit douze élèves, âgés de 5 à 14 ans. Peu de loisirs et aucun accès à la culture. C’est là que débarque leur nouvel enseignant : Pierre Duquet. Lui a 27 ans et revient de cinq années de captivité en Allemagne. Un moment terrible mais ambivalent. Car le jeune instituteur y a côtoyé des prisonniers de renom : le philosophe Jean Guitton, le poète Patrice de La Tour du Pin, le maître-verrier Max Ingrand. Ce camp – le Oflag IV-D – prend des airs de faculté libre et d’effervescence intellectuelle qui vont nourrir Pierre Duquet. Si bien qu’à la Libération, une fois nommé à Creuse, il y développe son idée : que les enfants s’expriment librement, à l’antithèse de la rigueur d’une Éducation nationale qu’on appelait jusqu’en 1932 l’instruction publique.

Le peintre Dubuffet fournit la gouache

Dans cet immédiat après-guerre, où les enfants manquent de tout, ceux de Pierre Duquet déplacent les tables en salle de classe, les recouvrent de feuilles XXL, plantent les chevalets dans les bois ou les champs et traduisent la nature avec des fusains, des collages... « L’enfant n’a pas à imiter mais à créer », dira-t-il se voyant comme « un éveilleur de créativité » et concrétisant « le rêve un peu fou de ces nuits d’insomnie à l’Oflag IV-D : celui que l’art au service de tous était d’abord l’art au service du développement de l’enfant ». Cette pédagogie de l’“art enfantin” séduit la pédiatre et psychanalyste Françoise Dolto comme le peintre Jean Dubuffet, théoricien de l’art brut, qui fournit la classe en gouache et en pinceaux !

 

Une exposition à partir du 15 octobre

En 1953, Pierre Duquet poursuivra sa carrière et sa vision à Amiens à l’école du Petit-Saint-Jean puis à Saint-Germain et à Châteaudun. L’école de Creuse ferme en 1963. En amont des Assises de l’éducation artistique et culturelle qui se tiennent à Amiens du 8 au 10 octobre, l’association Art Vif de Creuse a paré les murs extérieurs de la mairie de très belles photos des classes de Pierre Duquet. Suivra une exposition à la salle des fêtes à partir du 15 octobre avec des dessins de l’instituteur et les œuvres de ses élèves qui adoraient ce prof un peu particulier.

Antoine Caux

 

Un autre précurseur à Allonville

L’école d’Allonville s’appelle Maurice-Choquet, du nom de cet ancien instituteur qui bouleversa, comme Pierre Duquet, l’ordre établi en matière de pédagogie. Son credo : c’est avec l’art qu’on instruit les élèves. Inspiré par les grottes de Lascaux, il emmène ses élèves débusquer des matériaux naturels (brique, charbon) pour laisser libre cours à leur créativité. À l’occasion des Assises de l’éducation artistique et culturelle, du 8 au 10 octobre à Amiens, une exposition avec certaines de ces créations lui rendra hommage à la Maison de la culture.

 

 

 

 

« L’enfant n’a pas à imiter mais à créer » 2 © D.R.

Pierre Duquet

« L’enfant n’a pas à imiter mais à créer » 3 © Collection privée

Des productions d'élèves.

 

 

« L’enfant n’a pas à imiter mais à créer » 4 © Collection privée