Le beffroi : 908 ans d’histoire commune, 20 ans d’Unesco
Il marque la naissance de la Commune d’Amiens, en 1117. Panorama d’une tour aux multiples facettes : le beffroi, distingué par l’Unesco en 2005.

10.09.2025
JDA 1126
Ses cloches sonnaient le réveil, le coucher, rythmaient la journée, annonçaient les réunions et donnaient l’alerte en cas de danger. Des fonctions essentielles à un nouvel ordre, celui de l’émancipation des communes vis-à-vis du pouvoir féodal. Le beffroi concrétise en effet l’indépendance communale. Une indépendance acquise après plusieurs années de guerre, faute de reconnaissance par la noblesse locale de la Commune d’Amiens décrétée en 1113 avec l’aval du clergé et du roi. À l’issue du conflit, les tintements du beffroi succédèrent à ceux du Castillon, en lieu et place de ce dernier. En effet, le bastion nobiliaire érigé sur les bases de l’amphithéâtre gallo-romain fut assiégé et détruit par les insurgés et leurs alliés.
3 804C’est le nombre de visiteurs (hors scolaires) de l’intérieur du beffroi en 2024. Dont 1 849 lors des Journées européennes du patrimoine. |
Un symbole fort
Le beffroi représente « le vrai acte de naissance de la Commune d’Amiens, c’est un symbole démocratique fort », salue aujourd’hui le maire de la ville, Hubert de Jenlis, successeur des premiers “mayeurs”, ces élus qui régulaient les affaires publiques avec les échevins, les conseillers municipaux de l’époque. Néanmoins, s’il a pu accueillir les échevins, le beffroi n’a pas été le lieu privilégié de leurs réunions, ces dernières se déroulant surtout dans les maisons communales successives, les méconnues ancêtres de l’hôtel de ville, dont l’hôtel des Cloquiers.
Patrimoine mondial
En revanche le beffroi servait aussi de prison, et ce jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. Les graffitis gravés dans les murs de ses cachots (certains à 4,5 mètres sous terre) font ainsi voyager dans le temps. Depuis 2005, cette tour typique du “plat pays” – mais atypique architecturalement de par son cycle de destructions/reconstructions – est inscrite sur la Liste du patrimoine mondial de l’Unesco aux côtés de 55 autres beffrois de Belgique et du nord de la France. « C’est un fleuron de notre patrimoine touristique, remarque Alain Gest, président d’Amiens Métropole. Après les deux de Notre-Dame (individuellement en 1981, puis au titre des Chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle en 1998, ndlr), nous avons grâce à lui trois inscriptions à l’Unesco, ce n’est pas rien ! ». Si sa Renommée culmine avec sa trompette à 52 mètres de haut, sa renommée, elle, rayonne bien au-delà d’Amiens.
Jean-Christophe Fouquet

- Le beffroi au XVe siècle.
- Les maires d’Amiens René Lamps et Gilles de Robien vus par les tailleurs de pierre lors de la restauration du beffroi.

Quelles nouvelles mélodies ?Les élèves du Conservatoire vont composer dans les prochaines semaines plusieurs mélodies destinées au carillon du beffroi qui, modernisé, ne joue plus de musique depuis deux ans. Lesquelles d’entre elles intégreront sa nouvelle playlist ? Le public pourra trancher via un vote cet automne sur amiens.fr. Plus d’infos prochainement. |
