Montières, l’histoire méconnue d’une céramique reconnue
À la lisière entre Art nouveau et Art déco, Montières a été le berceau d’une manufacture de céramique. Une aventure brève – vingt ans – mais à la renommée mondiale.
10.12.2025
JDA 1137
Le quartier de Montières, à l’ouest d’Amiens. Historiquement, on l’associe à l’industrie du velours et à la dynastie Cosserat. Ou, plus récemment, au sculpteur Léon Lamotte (1912-2011). Mais peu à la céramique. C’est pourtant ici, près de la route d’Abbeville, que va naître l’aventure de la Faïencerie picarde en 1915 : une production de vases, bonbonnières, soliflores, coupes, cendriers et autres potiches en céramique, tous siglés Montières. Une marque née en plein Art nouveau et qui va briller avec l’essor de l’Art déco (jusqu’à l’Exposition universelle de 1937 à Paris) et à laquelle rend hommage la très conseillée exposition du Département de la Somme à l’abbaye de Saint-Riquier, dont les photos publiées ci-dessous sont issues.
Jusqu’en 1933 à Montières
À l’origine, il y a trois hommes. Un Lorrain nommé Trouillot et les frères Marque, deux Amiénois. Ce sont eux qui lancent la faïencerie, en pleine Première Guerre mondiale. En 1917, entre en scène Désiré Borck, un marchand de vin d’Amiens. Pariant sur une fin imminente de la guerre et sur le désir de beau des plus aisés qui s’ensuivra, il rachète la manufacture et s’associe à un cador de la céramique, Jean Barol, spécialiste de l’émail. À Montières, il innove. Les productions, à partir de terre rouge de Vallauris, sont de très haut de gamme. On vend du Montières dans les grands magasins parisiens. D’ailleurs, on ne tarde pas à produire, aussi, près de Paris. Après la vente à l’industriel drômois Pierre Motton qui fait prendre le virage de l’Art déco, moins floral et animal pour davantage de lignes géométriques (à l’instar de la collection Geno), les ateliers amiénois fermeront finalement en 1933. L’aventure s’arrête définitivement en 1938. Des regrets. Mais des grès éternels.
Antoine Caux
| La Céramique de Montières Jusqu'au 1er février à l'abbaye de Saint- Riquier - culture.somme.fr |
Certaines pièces siglées Montières se chiffrent en milliers d’euros.
Confection de poteries dans les ateliers de Montières, aujourd’hui totalement disparus.
Le céramiste Jean Barol dans l’atelier de Montières en 1919.