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L’historien Alain Trogneux est l’invité de la prochaine conférence des Archives municipales du 3 avril (18h15) à Dewailly pour raconter les années 70 à Amiens, « la décennie effervescente de cette société très carbonée où la bagnole est partout ».

6Fi1005 © Archives municipales et communautaires

28.03.2023

Oui, les années 1970 sont bien celles des pattes d’éph’, des cols roulés orange, de pantalons pour les filles et de cheveux longs pour les garçons. Mais pas seulement. « C’est un moment intense de mutation, de révolution sur le plan sociétal, urbanistique. C’est une décennie qui va entrer dans la crise avec la fin des Trente Glorieuses mais, au début, n’y est pas encore… Ce sont des années où l’on s’éclate. » Des anecdotes sur le pied que furent les années 1970, l’historien amiénois Alain Trogneux en fourmille. Et l’on laisse aux chanceux qui pourront assister à sa conférence du 3 avril sur cette décade le privilège de les découvrir. Pour ceux qui ne pourront se rendre disponibles, on ne saurait trop conseiller la lecture d’Amiens, années 70. La fin des Trente Glorieuses (éd. Encrage) paru en 2014.

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« Mai 68 ne s’est pas arrêté d’un coup, cette effervescence s’est prolongée », explique l’historien. Choc culturel : les cinémas “cochon” sont légion, Les Valseuses de Blier cartonnent à l’ouverture du Picardy et de ses cinq salles. 1970, c’est aussi la rumeur d’Amiens quand se propage, sur fond d’antisémitisme et de traite des Blanches, le bruit selon lequel des femmes se feraient enlever dans les cabines d’essayage de certaines boutiques du centre-ville. « L’ancien monde, celui de la morale sexuelle et familiale, se heurte au nouveau, celui de l’autonomie des jeunes, des minijupes et des jeans unisexes », analysera Claude Fischler, directeur du centre Edgar-Morin à l’école des hautes études en sciences sociales, qui enquêta sur le phénomène amiénois.

Les années 1970 à Amiens sont marquées par l’arrivée à la mairie du communiste René Lamps, « un changement radical après les années Maurice Vast qui finalement était en place depuis la fin de la guerre ». La construction de la maison de verre à l’angle de la cathédrale défendue par l’équipe Vast, mais contestée par de nombreux Amiénois aura pesé, le tribunal administratif annulant en 1971 le permis de construire de la seconde tranche de travaux. À cet endroit, la rue Cormont deviendra la première rue piétonne de la ville. Suivra la rue Ernest-Cauvin, desservant les célèbres bistrots Le Jockey, Chez Marius, Le Globe…

6Fi1007 © Archives municipales et communautaires

La voiture règne en maître. On se masse à Delta (l’ancêtre d’Auchan) au sud. Puis à Continent (l’ancêtre de Carrefour) au nord. « L’inauguration de la station-service de Continent se tient au moment de la guerre du Kippour (6-25 octobre 1973, ndlr), le prix de l’essence est multiplié par quatre. On afflue car ce jour-là, elle est à prix coûtant », raconte Alain Trogneux. Il faudra également la foi de Nisso Pelosof, qui crée l’Association pour la protection et la sauvegarde des hortillonnages en 1973, pour y empêcher un projet routier...

Place gambetta  © collection privée
Alain Trogneux Amiens, les années 70

Effervescence culturelle, effervescence urbanistique (on construit des écoles, des collèges, des bibliothèques), les années 70 ont leurs limites, celles de la crise que l’industrie du textile prend de plein fouet et qui fait déborder l’ANPE en 1980. « La fin de l’insouciance », résume Alain Trogneux. Qui ne parle pas du passé mais bien du début de notre présent.

 

Antoine Caux

Alain Trogneux © Laurent Rousselin