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Maurice Denis, "Les Parisiens au bord de la mer", 1899 © Irwin Leullier - Musée de Picardie

Maurice Denis, "Les Parisiens au bord de la mer"

Maurice Denis, "Les Parisiens au bord de la mer", 1899 © Irwin Leullier - Musée de Picardie

Maurice Denis (Granville, 1870 - Paris, 1943)

Les Parisiens au bord de la mer 

1899

 

Huile sur toile
H. 73 cm ; l. 100 cm
Inv. M.P.2009.3.1
Acquisition réalisée avec le soutien du Fonds du patrimoine et du Fonds régional d’acquisition des musées (État/Conseil régional de Picardie), 2009

 

Maurice Denis se présente ici en père de famille avec, dans les bras, sa fille Bernadette. Le tableau est pourtant loin d’être un portrait de groupe traditionnel : inspiré par les cycles médiévaux, il figure son épouse Marthe dans deux scènes distinctes, avec sa soeur Eva d’un côté et avec sa fille aînée, Noëlle, de l’autre. L’artiste utilise fréquemment ce procédé de démultiplication, qui se retrouve notamment dans d’autres portraits de famille. Le tableau n’en est pas moins singulier dans l’oeuvre de Maurice Denis, figure importante du groupe des Nabis qu’il rejoint après son premier séjour à Pont-Aven en 1890. Constitué autour de Paul Gauguin en 1888, regroupant plusieurs amis de jeunesse de Denis, Édouard Vuillard, Paul Sérusier et Ker-Xavier Roussel, ce groupe développe un nouveau langage plastique qui contribue de façon décisive à l’émergence des avant-gardes du début du XXe siècle : si chaque artiste suit sa voie propre, leurs travaux adoptent tous une simplification primitive des formes, souvent délimitées par un cerne noir, et une juxtaposition de plans colorés aux valeurs très contrastées.

En 1899, le mouvement est à un moment charnière, la plupart de ses acteurs évoluant vers un certain classicisme. Cette toile se trouve précisément à la croisée des chemins suivis par le peintre : s’il entame en 1898, à Perros-Guirec, la série des Plages qui offre une interprétation toute personnelle d’un motif éminemment classique, il livre ici une scène de bord de mer toute différente, pleinement inscrite dans son temps : alors que le tourisme balnéaire prend son essor, la famille Denis délaisse Pont-Aven, ville côtière désormais très courue, pour Le Pouldu, que les Parisiens ne fréquentent encore que peu. Aussi nouveau soit le thème traité pour le peintre, le traitement décoratif des étoffes, l’étagement des plans, la présentation des personnages en frise et la touche en aplat illustrent tout ce que l’art de Maurice Denis doit encore à l’esthétique nabie.

L.D.