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Théophile Caudron, Childebert assistant à des jeux,1877 © Hugo Maertens-Musée de Picardie

Théophile Caudron, "Childebert assistant à des jeux", 1877, d’après un modèle de 1833

Théophile Caudron, Childebert assistant à des jeux,1877 © Hugo Maertens-Musée de Picardie

Théophile Caudron (Combles, 1805 - Paris, 1848)

Childebert assistant à des jeux, 1877, d’après un modèle de 1833

Bronze (fonte Barbedienne, 1877)
H. 152,5 cm ; l. 159,5 cm ; ép. 32 cm
Inv. M.P.Sc.10
Tirage commandé par la ville d’Amiens en 1877, d’après le modèle original en plâtre de 1833

 

Né dans la Somme, Théophile Caudron entre en 1827 à l’École des beaux-arts de Paris ; il travaille alors dans l’atelier prestigieux de Pierre Cartellier (1757-1831), par lequel passent de nombreux sculpteurs de sa génération (Rude, Nanteuil, Lemaire, Desboeufs, etc.). Échouant à remporter le prix de Rome, le jeune Picard voit néanmoins son talent reconnu par l’État qui lui commande en 1830 un décor pour la base de l’obélisque dressé, depuis le règne de Louis XIV, devant l’hôtel de ville d’Arles, en Provence. En hommage à Charles X, dont les Trois Glorieuses ne tarderont plus à renverser le trône, l’administration choisit des épisodes historiques, à la fois royaux et arlésiens, comme sujets pour deux bas-reliefs monumentaux.

Un premier modèle en plâtre, représentant la visite à Arles de Louis XIV, vaut à l’artiste de participer au Salon dès 1831. Si cette année voit la sculpture romantique faire une entrée fracassante sur la scène du Salon, celles qui suivront consacrent l’avènement de cette nouvelle école. La composition puissante de Childebert assistant à des jeux contraste ainsi avec celle du relief précédent, plus sage, et permet à Caudron de remporter une médaille de deuxième classe au Salon de 1833. Le livret de l’exposition facilite la lecture d’une oeuvre tout en mouvement et en déséquilibre : « L’an 534, Childebert fit célébrer, dans l’arène de la ville d’Arles, des jeux où plusieurs condamnés devaient combattre des bêtes féroces ; le roi devait s’y rendre avec toute sa cour. »

Envisagée à l’origine, la traduction des deux plâtres dans un matériau pérenne n’aura finalement pas lieu du vivant de l’artiste. Devenus sans utilité après la chute du régime et l’exil de Charles X, ils restent dans son atelier jusqu’à ce qu’il en fasse don sous la monarchie de Juillet à la Société des Antiquaires de Picardie, région à laquelle il était resté profondément attaché. La commission du musée d’Amiens – qui en devient propriétaire après sa construction – décide en 1877 de faire reproduire l’un d’eux par la fonderie de bronze d’art Barbedienne. C’est un véritable tour de force technique qui offre à l’oeuvre non seulement un contraste, mais aussi une nervosité nouvelle : cette traduction en bronze intensifie le déchaînement des formes et des passions, convoquées ici par le sculpteur à la façon d’un drame romantique. J.-L.L.