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El Greco, "Portrait d’homme"

 

El Greco, "Portrait d'Homme", v 1600 © Michel Bourguet Musée de Picardie

Domenikos Theotokopoulos dit El Greco (Candie, île de Crète, 1541 - Tolède, 1614)

Portrait d’homme

Vers 1600

Huile sur toile
H. 80 cm ; l. 64,7 cm
Inv. M.P.Lav.1894-215
Don des frères Lavalard, 1890

 

Si le tableau est entré dans les collections comme Portrait de Alonso de Herrera, l’identité de l’homme représenté ici fait toujours débat : on a voulu y reconnaître tour à tour un peintre, un professeur ou un magistrat. Sans certitude aucune, force est de constater néanmoins que le geste d’orateur réalisé par le modèle et l’ouvrage qu’il a à la main désignent davantage un homme de l’écrit qu’un artiste. Il est en revanche unanimement admis que cette toile date de la fin de la vie du Greco, autour de 1600. La comparaison de cette oeuvre avec d’autres portraits datés de la même période et arborant des vêtements identiques – caractérisés notamment par la large fraise adoptée au début du XVIIe siècle – vient confirmer cette hypothèse. Toutes ces oeuvres ont en commun un même traitement hiératique de la figure, travaillée avec une sobriété chromatique radicale et des déformations typiques de la phase ultime de la carrière du peintre.

Probablement formé comme peintre d’icônes dans sa ville natale de Candie (actuelle Héraklion) en Crète, île alors sous domination vénitienne, le jeune homme est dès sa jeunesse nourri de multiples influences : italienne, byzantine, arabe. Il séjourne à Venise de 1568 à 1570 et travaille alors dans l’orbite du Titien. Admis à Rome au sein de l’Académie de Saint-Luc en 1572, dans le genre des miniatures, il ne s’affirme véritablement comme artiste de premier plan qu’une fois installé en Espagne en 1577. Le royaume est alors prospère et puissant. Il s’installe à Madrid, auprès de la cour, et devient bientôt un portraitiste très recherché. Il conserve une palette vive, inspirée des grands maîtres vénitiens, mais c’est surtout par la puissante intensité psychologique qu’il insuffle aux visages de ses modèles qu’il se distingue alors. À la fin de sa carrière, il délaisse les couleurs acides de sa jeunesse, mais conserve le cadrage frontal et le sens du détail. Ce Portrait d’homme est un bel exemple de la forme classique, austère et précise, que privilégie l’artiste ; elle est particulièrement appréciée des nobles castillans en ce qu’elle exalte encore davantage la dignité de leur haute naissance. Dégageant une profonde humanité, cette toile est emblématique de la maturité de cet artiste peu représenté dans les musées français, l’un des peintres les plus singuliers de son temps.

L.D.