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WILLEM KALF, Nature morte © Marc Jeanneteau-Musée de Picardie © Marc Jeanneteau-Musée de Picardie

Willem Kalf, "Nature morte au pot de Chine"

WILLEM KALF, Nature morte © Marc Jeanneteau-Musée de Picardie © Marc Jeanneteau-Musée de Picardie

Willem Kalf (Rotterdam, 1619 - Amsterdam, 1693)

Nature morte au pot de Chine

Vers 1680

Huile sur toile
H. 101,5 cm ; l. 82,8 cm
Inv. M.P.Lav.1894.20
Don des frères Lavalard, 1890

 

Willem Kalf fut l’un des peintres de natures mortes les plus admirés dès le XVIIe siècle. Au début de sa carrière, ce Hollandais travaille durant plusieurs années à Paris (1640-1646), où il se fait une spécialité de petits intérieurs de cuisine, peuplés d’ustensiles en cuivre. Après son séjour en France, l’artiste élabore les principes de composition d’un genre nouveau auquel il devait ensuite se tenir toute sa carrière : arrangés avec soin, quelques objets d’art, coûteux et chatoyants, émergent de l’obscurité.

Le point central du tableau est ici un extraordinaire roemer, verre précieux collectionné par la riche bourgeoisie qui composait la clientèle de Kalf après son installation à Amsterdam en 1653. D’autres pièces l’accompagnent : parmi elles, le pot couvert – en réalité une jarre à sel – qui a donné son titre à l’oeuvre. Si la forme est chinoise, de même que le décor typique du début des Qing (vers 1670-1690), impossible de dire s’il s’agit d’une porcelaine fabriquée en Extrême-Orient ou d’une imitation en faïence de Delft.

Reposant sur une table en pierre qui disparaît à droite sous les plis d’un tapis d’Orient, le tout évoque un thème commun à la nature morte néerlandaise : une fin de repas dont les aliments (melon, pain, alcool) sont à demi consommés. Selon toute probabilité, Kalf a utilisé la camera oscura pour ses esquisses préalables, ce qui lui a permis d’étudier avec soin les effets de lumière et de couleur. Le rendu précis des matières et des formes donne ainsi une illusion parfaite de la réalité. La construction du tableau est cependant extrêmement calculée. Les grandes verticales des verres, la ligne horizontale de la table renforcée par celle du manche d’un couteau, donnent une sensation de stabilité. Cet équilibre est pourtant précaire : le grand plat en métal semble prêt à basculer, tandis que la clef d’une montre se balance dans le vide au bout d’un ruban. Au-delà de leur beauté et de leur valeur intrinsèque, les objets représentés, transcendés par le savoir-faire de l’artiste, font jaillir la lumière de l’obscurité.

J.-L.L.