L’univers du poète picard Édouard David

Neuvième enfant d’une modeste famille d’ouvriers, Édouard David voit le jour le 9 avril 1863 au sein du quartier Saint-Leu, à Amiens. C’est dans le Vieil Amiens où l’on parle picard, que « Tchot Doère » (Petit Edouard), comme il est surnommé en raison de sa constitution physique, grandit. « Nazu » du quartier, il observe son environnement social et culturel dans lequel se mêlent ruelles, canaux, cabotans, Hortillonnages, ouvriers amiénois, et patois picard… A l’âge de quinze ans, il travaille chez un imprimeur de la Ville en tant qu’apprenti typographe. Il devient ensuite salarié de « L’Imprimerie Générale » située rue Saint-Fuscien. C’est grâce à l’univers de l’impression qu’il va rejoindre celui de l’écriture en publiant des articles et récits en picard dans les journaux d’Amiens. A la fin du XIXe siècle, en 1896, il intègre les services de la Préfecture de la Somme et occupe un poste d’employé-rédacteur.

Dans ses œuvres, Édouard David va s’inspirer de l’univers dans lequel il a vécu. Auteur de poèmes et de chants patoisants, il a également écrit des pièces de théâtre. En 1891, pour la première fois, il compose L'Bataille ed'Querriu, une pièce de théâtre en picard pour la troupe Chés Cabotans d’Amiens dans laquelle il met en scène le personnage de Lafleur dans la guerre franco-prussienne de 1870-1871. La même année, il signe les paroles de Canchon d'Noël (disponible ici : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3716161.r=.langFR). Chés Lazards, œuvre comprenant 18 chants en picard publiée en 1897, évoque, avec compassion, les conditions de vie des pauvres habitants du quartier Saint-Leu. Dans Chés hortillonnages, son recueil de chants en picard paru en 1900, il aborde le difficile monde des maraîchers de ce site. Il écrira bien d’autres textes…

C’est à la fin de l’année 1932 qu’Édouard David décède chez lui, rue Enguerrand, dans le quartier Saint-Acheul. Estimé et reconnu par ses contemporains comme étant un poète « sorti du peuple et qui a écrit pour les humbles en employant une langue riche », il fait l’objet de discussions à l’occasion de la séance du Conseil municipal d’Amiens tenue en date du 30 mai 1934. Lors de celle-ci, la proposition est faite de donner son nom à une rue en plein cœur du quartier Saint-Leu : « la Commission […] a pensé que David, qui a vécu dans le vieil Amiens, qui a chanté les lazards, les minabes, les lapides, les tristes-à-vir, les déloquetés de Saint-Leu, de Saint-Germain, du quartier Notre-Dame, devait avoir sa rue aux lieux de sa prédilection ; en définitive, après avoir examiné plusieurs solutions, la Commission vous propose d’appeler rue Edouard David la rue dénommée depuis plusieurs siècles rue Pavée » (source : registre des délibérations de l’année 1934). C’est dans cette rue, au numéro 31, que le théâtre de marionnettes Chés Cabotans d’Amiens sera bâti en 1997.

Notre Trésor d’Archives est une photographie noir et blanc, numérisée à partir d’une plaque de verre, datant du début du XXe siècle (décennie 1900). Sur celle-ci, Edouard David se tient debout dans une barque, les mains tenant une perche, aux Hortillonnages qu’il chérissait tant et qui ont été source d’inspiration pour ses œuvres. Figé, il regarde en direction du photographe. Sa femme, assise dans l’embarcation, lit un journal.

Le document :

Cote archives : 10Z3173

Technique : photographie

Conditions de conservation : photographie numérique conservée sur serveur informatique (don numérique).

Description : le poète picard Édouard David (1863-1932) et son épouse, dans une barque, aux Hortillonnages.

Rendez-vous sur Facebook pour consulter l’ensemble des documents de ce Trésor d’Archives : www.facebook.com/ArchivesMunicipalesAmiens