La colombophilie

Nous abordons donc le thème de la colombophilie en temps de guerre, à travers deux notices  individuelles des pigeons voyageurs, classées en sous-série 2H (Administration militaire).

La colombophilie est une pratique qui consiste à élever et dresser les pigeons voyageurs, messagers qui étaient forts utiles lors des conflits militaires des siècles précédents. Nombreuses étaient les sociétés colombophiles présentes dans la Somme au XXe siècle. Les noms sont majoritairement rattachés à la symbolique du volatile tels que La Reine des Airs, La Concorde, Le Rapide, Le Voltigeur ou La Messagère pour n’en citer que quelques-unes. L’Etat français exerce alors un étroit contrôle sur les colombophiles, appelés également coulonneux dans la région, en leur octroyant, après enquête de police, une autorisation d’exercer.

Les renseignements demandés concernent habituellement l’état civil du postulant, sa nationalité, sa situation militaire, son adresse, la localisation du colombier ou pigeonnier. Une enquête de   « moralité » était également menée afin de connaître la réputation, la situation familiale et financière ainsi que les antécédents judiciaires du postulant. Dans un contexte de conflit international, et de lutte contre l’espionnage, l’Etat français devait en effet s’assurer de la loyauté de ses colombophiles.

Vous remarquerez ainsi que :

Dans la notice individuelle du 19 juin 1939, seulement quelques mois avant le début de la guerre, les autorités se préparent déjà à son éventualité. Il est demandé la proximité du colombier avec tout établissement militaire et/ou terrain d’aviation.

Dans la notice individuelle du 10 janvier 1946, au sortir de la guerre, les enquêtes de moralité continuent et conditionnent encore l’exercice de la colombophilie. Observez la mention « attitude au point de vue national et en particulier durant l’occupation allemande ». La prudence est de mise.
Nombreux ont été les animaux mis à contribution en temps de guerre pour faire partie intégrante de la stratégie militaire tels que les chevaux, les chiens et même les chauves-souris porteuses de bombe incendiaire au napalm. Pour certains d’entre eux, il s’agissait d’un véritable exploit à l’image de Cher Ami, le pigeon voyageur qui, pourtant blessé par les balles, parvint à délivrer son message aux Alliés et sauva tout un bataillon américain dans la région de Verdun lors de la Première Guerre mondiale.

Le document :

Cote archives : 2H35/2 (Affaires militaires)

Technique : notice papier

Auteur : Municipalité d’Amiens

Conditions de conservation : conservé dans une boîte d’archives en magasin.

Description : Notice individuelle de pigeons voyageurs, note jointe en annexe du formulaire, 19 juin 1939.