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Dans les hortillonnages, des artistes contemporains investissent d’anciennes parcelles maraîchères. La 16e édition du Festival international de jardins se découvre jusqu’au 12 octobre.

Et au milieu coule la culture 1 © Yann Monel

11.06.2025

JDA 1120

C’est un musée à ciel ouvert. Où les salles sont des îles. Et où le visiteur se fait aussi capitaine d’embarcation. 22 parcelles que l'on rejoint en barque composent ainsi cette exposition labyrinthique où sont venues se nicher 49 installations d’artistes, paysagistes ou architectes. Depuis 2010, tel est le principe du Festival international des jardins imaginé au cœur des hortillonnages sur les territoires d’Amiens et de Camon par Art & Jardins Hauts-de-France et son directeur Gilbert Fillinger, fier « d’un lieu de création artistique unique en son genre ». Et pour cause : il y a sept cents ans, ici sur le fleuve Somme, l’homme façonnait des marécages en terre maraîchère. Des parcelles souvent muées au fil du temps en jardins d’agrément quand elles n’ont pas été vouées à l’abandon, fragilisant un peu plus un écosystème déjà malmené.

Treize nouvelles œuvres

Les hortillonnages, leur calme et leur biodiversité au cœur même de la ville ont depuis les années 1970 et le départ de la majorité des maraîchers – et après un projet de rocade à l’époque du tout-voiture auquel on renonça suite à la création de l’Association de sauvegarde – repris des couleurs et de l’intérêt. On y cultive, encore et toujours, et même dorénavant de l’art contemporain. Art & Jardins Hauts-de-France entretient donc des parcelles (un entretien crucial pour la sauvegarde du site) toute l’année pour y poser à chaque printemps des œuvres originales d’artistes sélectionnés par un jury. « La seule thématique, ce sont les hortillonnages, résume Nathalie Vallée, directrice de production Art & Jardins Hauts-de-France. L’enjeu est de ramener une dimension artistique sur un lieu qui a une dimension patrimoniale. » Treize nouvelles œuvres se greffent cette année. Dont Le Grand Ensemble grimpant du plasticien allemand Jan Kopp qui a imaginé un treillis géant réalisé avec des objets de récupération (cannes à pêche cassées, pagaies, et même tiges de baby-foot !) glanés auprès des gens du coin. Des tuteurs originaux qui guideront les cucurbitacées pour une sculpture évolutive au gré de l’été.

 

622 000 visiteurs depuis 2010

Bien sûr, en seize éditions, il y eut des riverains, un peu bousculés dans leurs habitudes, qui ont pu prendre pour hurluberlue cette idée d’installer des œuvres d’art contemporain dans cette verdure. « Le Festival international de jardins est très vite devenu un moment attendu dans la saison culturelle qui attire bien au-delà de notre territoire grâce à la plus grande couverture presse nationale et internationale pour un évènement amiénois », applaudit de son côté Pierre Savreux, vice-président d’Amiens Métropole délégué à la culture. 622 000 curieux ont découvert les hortillonnages grâce à ce festival depuis 2010. « Une expérience vivante, définit Gilbert Fillinger. Une réflexion sur les enjeux écologiques et climatiques, un dialogue entre nature, patrimoine et création contemporaine. » À vivre jusqu’au 12 octobre.

Antoine Caux

 

1er

En 2024, le Festival international de jardins a reçu le 1er prix du meilleur concept d’un parc et jardin contemporain européen, décerné par l’European Garden Heritage Network.

 

 

COMMENT SONT SÉLECTIONNÉES LES ŒUVRES ?

« Chaque année, un appel à projets international est lancé pour sélectionner les artistes-paysagistes architectes ou plasticiens, explique Nathalie Vallée, directrice de production à Art & Jardins Hauts-de-France. Les candidats font une note d’intention sur leurs projets qui doivent être en lien avec les grands enjeux contemporains : préservation de la biodiversité, fragilité des écosystèmes, question de la ressource en eau... » Puis un jury sélectionne les artistes. Le choix du site, de telle ou telle parcelle, de la facilité ou pas de son accès, conditionnent bien souvent l’œuvre elle-même. Les premières installations débutent avec l’arrivée du printemps.

Et au milieu coule la culture 4 © Antoine Caux

Détail du Grand Ensemble grimpant de Jan Kopp.

Et au milieu coule la culture 2 © Yann Monel

 

 

« Un festival qui coche de nombreuses cases »

Amiens Métropole participe à hauteur de 100 000 € par an au fonctionnement d’Art & Jardins Hauts-de-France auxquels s’ajoutent 250 000 € sur l’ensemble du mandat 2020-2026 pour l’acquisition d’œuvres. « L’accompagnement est fort parce que ce festival propose une expérience unique, apprécie Pierre Savreux, vice-président d’Amiens Métropole. C’est un festival qui coche de nombreuses cases. Outre celle culturelle, il a une dimension en matière de développement durable en sensibilisant sur les hortillonnages et en entretenant le site. Il y a aussi une case sociale avec le chantier d’insertion qui permet l’entretien à l’année du site et de parcelles qui, sans ça, seraient à l’abandon. »

 

 

 

LES PAYS-BAS À L’HONNEUR

Deux paysagistes et deux artistes plasticiens néerlandais ont été invités cette année. Dont Mirte Van Laarhoven qui présente Fragile Émergence, céramiques en vert vif. Séduite par les lieux, l’architecte et plasticienne a imaginé ces bassins d’où émergent des pousses avec ce vert éclatant, teinte symbolisant le tout début du printemps quand la nature se réveille, promesse éphémère de renouveau et en même temps début de la fin...

Et au milieu coule la culture 3 © Antoine Caux

 

COMMENT FAIRE ?

En barque (sur réservation) depuis le port à Fumier de Camon (35, rue Roger-Allou).

Durée maximale : deux heures trente minutes (13h-19h en semaine, 10h-19h samedi et dimanche)

artetjardins-hdf.com

À pied sur le chemin de halage : à l’île aux Fagots au 43, chemin de Halage (12h30-19h, une heure de visite) et à l’île Robinson (direction Camon).

Et au milieu coule la culture 5 © Yann Monel