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"Le Christ jardinier", vers 1475-1480 © Marc Jeanneteau - Musée de Picardie

"Le Christ jardinier", vers 1475-1480

"Le Christ jardinier", vers 1475-1480 © Marc Jeanneteau - Musée de Picardie

Le Christ jardinier

 

Vers 1475-1480

 

Picardie
Huile sur chêne parqueté
Provenance : abbaye de Saint-Riquier (Somme)
H. 110,8 cm ; l. 55,6 cm
Inv. R.F.1979-28
Achat des Musées nationaux en 1979 pour être déposé au Musée de Picardie

 

A l’origine, ce Christ jardinier ornait le revers d’un volet de triptyque qui, dédoublé, est depuis dissocié de sa face intérieure. En position fermée, il constituait le côté gauche de la scène du Noli me tangere, dont la partie droite – c’est-à-dire la Madeleine tournée vers le Christ qui vient de lui apparaître – est conservée au Trésor de l’église abbatiale de Saint-Riquier.

Intègre, ce second panneau porte toujours à l’avers une Assomption de la Vierge. Peinte en couleur et or, elle tranche avec les grisailles des faces extérieures qui prennent la forme de figures monumentales installées, de part et d’autre d’un arbre, à l’intérieur d’une grande niche feinte de style flamboyant. Ce trompe-l’oeil devait faire écho au centre du retable (perdu), composé selon toute vraisemblance d’une caisse – « huche » en picard – garnie de plusieurs épisodes bibliques sculptés en relief. 

Le Christ jardinier est un vestige rare, et d’une grande pureté, de la peinture du XVe siècle du Nord de la France. Cette origine locale est garantie par la présence, avérée depuis 1836, du volet de la Madeleine à Saint- Riquier ; elle est confirmée par la connaissance qu’en avait eue le Maître de Thuison, auteur du retable de la chartreuse éponyme située dans un ancien faubourg d’Abbeville, aujourd’hui dispersé entre Chicago et Saint-Pétersbourg.

Le retable de Saint-Riquier, d’ambition plus modeste, est cependant davantage caractéristique de l’école picarde : antérieur d’une quinzaine d’années environ, il est en outre indemne d’apports étrangers (on sait que le Maître de Thuison réutilisa pour ses compositions des gravures hollandaises). D’influence certes septentrionale dans sa conception générale, il réinterprète les formes et les types dans un esprit de simplification et de stylisation grâce auquel, malgré le voisinage flamand, il se maintient dans l’orbite française.

À la différence de certains tableaux picards contemporains, il ne tombe pas dans l’excès de dureté ou de raideur, et offre une inspiration entièrement originale dont le raffinement supplée à l’insuffisance de l’expression.

J.-L.L.