Votre navigateur est obsolète!

Mettez à jour votre navigateur pour afficher correctement ce site Web. Mettre à jour maintenant

×

Albert MAIGNAN, "Les Voix du tocsin", 1888 © © F.Arnaud-Musée de Picardie

Albert Maignan, "Les Voix du tocsin"

Albert MAIGNAN, "Les Voix du tocsin", 1888 © © F.Arnaud-Musée de Picardie

Albert Maignan (Beaumont-sur-Sarthe, 1845 - Saint-Prix, 1908)

Les Voix du tocsin

1888

Signé et daté en bas à gauche « Albert Maignan 1888 »
Huile sur toile
H. 548 cm ; l. 454 cm
Inv. M.P.2004.17.163
Dépôt de l’État, 1892 ; transfert de propriété, 2004

 

C'est un soir de l’été 1882, lors d’une visite du clocher de l’église de Saint-Prix où il possédait une villa, que l’idée vint à Albert Maignan de peindre une grande toile ayant pour sujet une cloche battant à la volée. Longuement mûri, souvent repris et modifié, ce projet finit par donner naissance « avec toutes les inquiétudes et les douleurs de l’enfantement » à ce que le peintre qualifiait de « son oeuvre capitale ». Une énorme cloche sonne l’alerte, actionnée par des génies tirant de lourdes cordes barrant la composition de part en part. Du bronze entré en résonance s’échappent plusieurs groupes de figures enchevêtrées donnant vie au son furieux du métal vibrant. 

Derrière un épais panache de fumée grise apparaissent des toitures en feu et, dans le lointain, on reconnaît la silhouette de la cathédrale de Strasbourg, ravagée par des bombardements prussiens durant l’été 1870. Au premier plan gît un drapeau français en lambeaux sommé d’un crêpe noir.

Ce tableau monumental illustrant la fureur et le bruit d’une nuit de combats est une oeuvre chère au cœur du peintre. Il occupe sans cesse ses pensées, transcrites dans les pages de son journal. Il lui consacre six ans de labeur et le dédie à son épouse, Louise Larivière. Il est également un jalon dans son oeuvre. Formé dans l’atelier de Luminais, Maignan connaît d’abord le succès avec des tableaux d’histoire qu’il présente au Salon à partir de la fin des années 1860. Les Voix du tocsin, de l’aveu du peintre, sont nourries de l’étude des grands maîtres, Raphaël à qui Maignan emprunte une figure, mais surtout Michel-Ange, tant admiré à la chapelle Sixtine au printemps 1883. Le travail acharné alors accompli par Maignan lui donne le goût des grandes compositions et des décors monumentaux qui occuperont la suite de sa carrière.

Exposée au Salon de 1888, à l’Exposition universelle de 1889, puis à l’Exposition française à Moscou en 1891, l’oeuvre est finalement déposée par l’État au Musée de Picardie en 1892. Elle est accrochée, sous le regard inquiet de l’artiste, dans le Grand Salon nouvellement construit, aux côtés de Lady Godiva, chef-d’œuvre de son cher ami Jules Lefebvre. Le chaleureux
accueil que reçoit « cette toile qui représente le meilleur de [lui]-même » est le premier événement liant Maignan au musée d’Amiens à qui il finit par léguer son fonds d’atelier et sa richissime collection d’objets d’art antiques et médiévaux.

F.S.

On en parle ...