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Tête de Kouros, v 510 av JC © M.Jeanneteau-Musée de Picardie

Tête de kouros

Tête de Kouros, v 510 av JC © M.Jeanneteau-Musée de Picardie

Tête de kouros

Vers 510 av. J.-C.

Marbre de Paros (Cyclades)
Athènes (?)
H. 33 cm ; l. 26 cm
Anc. coll. Théodose de Lagrené (1849)
Inv. M.P.1876.1871

 

Les kouroï, ces statues masculines nues, de taille humaine et parfois même au-delà, se caractérisent par leur attitude frontale, solennelle, dans laquelle la jambe gauche est généralement portée en avant et les bras plaqués le long du corps. Seule la tête d’une de ces statues nous est parvenue.

Des nettoyages anciens, des éclats, ont blessé le marbre, et pourtant nous avons ici l’image d’un visage masculin qui a conservé toute sa noble beauté : un visage lisse aux grands yeux en amande, un des traits de l’archaïsme grec, ourlés par l’épaisseur des paupières qui, légèrement gonflées, donnent au regard une expression rêveuse et lointaine accentuée par le jeu de l’ombre et de la lumière. Le visage s’anime, éclairé par un discret sourire qui exprime la joie de vivre éternellement. Le jour où la sculpture cessera de sourire, l’art classique sera né. Tous ces détails se fondent dans l’ensemble et donnent l’impression d’une grande habileté. La chevelure est également composée, son traitement est archaïque. Le crâne est lisse, ceint d’un bandeau qui retient les boucles, faisant disparaître la nuque sous la masse des cheveux. Une rangée de grosses boucles en coquille traitées en relief assez fort cerne le front et les tempes. Sur la nuque, de chaque côté du cou, la chevelure est divisée en mèches traitées en rubans plats et gaufrés.

L’aspect général de la tête, le modelé à la fois ample et subtil du visage contrastant avec le traitement beaucoup plus ornemental de la chevelure, situent l’oeuvre vers la fin d’une évolution qui a mené le kouros, depuis son apparition dans la seconde moitié du VIIe siècle en une image masculine très stylisée au rendu graphique des détails anatomiques, vers une réalité et une souplesse plus grande du corps humain, qui bientôt se libérera de la frontalité. Cette oeuvre magistrale, véritable chant à la beauté virile, n’a pu naître que sous le ciseau d’un artiste du temps, le sculpteur athénien Anténor peut-être.

N.M.

D’après Sylvie Drivaud, "Les collections archéologiques du Musée de Picardie", Amiens, 1990, p. 78-81.