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Francis Picabia, "Portrait de Maria Lani", 1928-29 © Hugo Maertens / Musée de Picardie © ADAGP, Paris 2012

Francis Picabia

Francis Picabia, "Portrait de Maria Lani", 1928-29 © Hugo Maertens / Musée de Picardie © ADAGP, Paris 2012

Francis Picabia (Paris, 1879 - id., 1953)

Portrait de Maria Lani
1928-1929

Huile sur toile
H. 100 cm ; l. 81,5 cm
Inv. M.P.89.5.1
Acquisition réalisée avec le soutien du Fonds régional d’acquisition des musées (État/Conseil régional de Picardie), 1989

En 1928, Maria Lani, vedette allemande inventée de toutes pièces, arrive à Paris. Chefs d’orchestre de la supercherie, son frère et son mari se font passer pour ses agents et demandent à tous les artistes en vogue de faire son portrait. Enthousiasmés par sa beauté et sa prétendue célébrité, ils sont nombreux à s’exécuter : cinquante et un portraits, peints par Bonnard, Rouault, Dufy, Vuillard, Soutine ou encore Foujita, sculptés par Despiau, Bourdelle ou bien Zadkine, sont exposés chez Georges Bernheim en novembre 1930, avant d’être emportés outre-Atlantique par le trio d’escrocs.

En dépit de cette histoire rocambolesque, l’identité du modèle n’a que peu d’importance pour Picabia. Le portrait s’inscrit dans la série des Transparences développée par l’artiste entre 1927 et 1932 : il s’inspire alors du traitement cubiste des volumes autant que des collages surréalistes. Esprit inventif et volontiers inclassable, Picabia s’intéresse tour à tour à ces deux courants. Membre actif de l’avant-garde aux côtés de Marcel Duchamp, impliqué à la suite de Tristan Tzara dans le mouvement Dada, il aborde tous les styles avec une insatiable curiosité, tour à tour peintre, illustrateur, dessinateur ou même poète…

Après la production des Monstres, personnages bariolés et déformés résultant de toutes sortes de collages, et alors que s’ouvre une nouvelle période de sa vie privée aux côtés de la jeune Olga Molher, il entame la série des Transparences. Dans ces tableaux, l’artiste superpose plusieurs motifs figuratifs dont il modifie la couleur et l’échelle. Lorsque ces travaux sont présentés en octobre 1928, le critique de cinéma Gaston Ravel en parle comme du « sur-impressionnisme », faisant référence à la simultanéité d’images de film superposées : l’ambition est alors de donner la sensation de la troisième dimension sans l’aide de la perspective.
Les sujets ont souvent comme point de départ des figures classiques de Botticelli ou de Piero della Francesca, ou encore de la statuaire antique, retravaillées d’après des reproductions imprimées. Stéréotypés, les visages offrent la possibilité de s’interroger sur la perception des plans et sur le thème du regard : le motif des yeux multiples place ici le portrait au cœur d’un questionnement sur l’idée même de vision.

Laure Dalon