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Pablo Picasso, "Le peintre et son modèle", 1967 © Hugo Maertens - Musée de Picardie © Succession Picasso, 2020

Pablo Picasso, "Le peintre et son modèle"

Pablo Picasso, "Le peintre et son modèle", 1967 © Hugo Maertens - Musée de Picardie © Succession Picasso, 2020

 

 

Pablo Picasso (Málaga, 1881 - Mougins, 1973)

Le peintre et son modèle

1967

Huile sur toile
H. 100 cm ; l. 80,5 cm
Inv. MP.1990-32
Dépôt du musée Picasso, Paris, 1990.

 

Les dix dernières années de création de Pablo Picasso coïncident avec un ultime épanouissement de son travail et une profusion d’images peintes, dessinées ou gravées. À partir de 1963, il reprend le thème du peintre et son modèle, présent dans son oeuvre depuis son illustration du Chef-d’oeuvre inconnu de Balzac en 1926. « Que l’artiste au travail […] soit devenu, non pas son thème unique, mais du moins le plus fréquent, montre toute l’importance que l’acte même de peindre revêt aux yeux de Picasso », analyse Michel Leiris en 1964, dans le catalogue de l’exposition de la galerie Leiris, Picasso. Peintures 1962-1963.

Dans la toile déposée au Musée de Picardie, Picasso s’éloigne des représentations stéréotypées figurant le peintre et son modèle séparés par un chevalet, se concentrant sur le face-à face intime et troublant de l’artiste face à sa muse. Entrée dans la vie de Picasso en 1954, devenue sa femme en 1961, Jacqueline Roques (1926-1986) devient bientôt son unique passion, égérie, modèle et inspiratrice. Elle lui apporte l’élan de la jeunesse, mais aussi la stabilité dont il a besoin pour donner libre cours à son génie créateur ; en témoigne l’extrême richesse de la production artistique de ses vingt dernières années, polymorphe et audacieuse. Elle est en outre le modèle idéal : son visage de type méditerranéen et ses grands yeux en amande lui rappellent la beauté parfaite, fière et altière, des femmes espagnoles de son enfance.

C’est avec une grande liberté que l’artiste décline ici ce thème fondamental de la peinture occidentale : l’artiste et son modèle ne sont plus qu’un homme et une femme se faisant face. L’artiste va désormais à l’essentiel et fait disparaître les accessoires superflus. Tandis que le corps de la femme, en un savant raccourci anatomique, est juxtaposé à son visage, la tête du peintre est quant à elle représentée de face et de profil, résurgence du cubisme d’avant-guerre. Ces disproportions sont ici mises au service du regard, celui que les protagonistes s’adressent l’un à l’autre, comme celui que le spectateur pose sur le couple.

L.D.